Un non au référendum prévu dimanche en Grèce sur les propositions faites par les créanciers, UE et FMI, serait « un non à l’Europe », a déclaré lundi le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, en appelant la population grecque à voter « oui ».
« Un non voudrait dire, indépendamment de la question posée, que la Grèce dit non à l’Europe », a déclaré M. Juncker lors d’une conférence de presse à Bruxelles. Visiblement fatigué, le Luxembourgeois jette toutes ses forces dans la bataille pour tenter de sauver ce qui peut l’être.
« Je demanderai aux Grecs de voter oui, indépendamment de la question qui leur est posée », a-t-il dit, ajoutant qu’il fallait « voter oui parce que les Grecs fiers d’eux-mêmes et de leur pays doivent dire oui à l’Europe ». « Il ne faut pas se suicider parce qu’on a peur de la mort », a-t-il affirmé dans une adresse directe aux Grecs.
« Je suis profondément affligé par le spectacle qu’a donné l’Europe samedi dernier (…) Après tous les efforts que j’ai déployés, je me sens trahi car mes efforts ont été insuffisamment pris en compte », a ajouté M. Juncker, qui est également l’ancien patron de la zone euro.
« Nous avons vraiment remué des montagnes »
Samedi, réagissant à l’annonce surprise par le Premier ministre Alexis Tsipras d’un référendum le 5 juillet sur le plan d’aide financière proposé par les créanciers (UE et FMI), les ministres des Finances de la zone euro ont décidé de ne pas prolonger au-delà du 30 juin l’assistance financière à Athènes. Ils ont imputé à la Grèce la responsabilité de la rupture des négociations qui se poursuivaient depuis cinq mois et qui rapproche le pays d’un défaut de paiement et d’une sortie de la zone euro.
« Nous avons vraiment remué des montagnes jusqu’à la dernière minute, jusqu’à ce que les Grecs ferment la porte », a regretté M. Juncker, estimant qu’il ne fallait pas jouer sur les divisions au sein de la zone euro.
« Jouer une démocratie contre 18 n’est pas une attitude qui convient à la Grèce », a-t-il dit. « En Europe, aucune démocratie ne vaut plus qu’une autre et dans la zone euro il y a 19 démocraties, non une contre 18 et non 18 contre une », a-t-il insisté.
La proposition faite à la Grèce par ses créanciers et qui sera soumise à référendum « n’est pas un paquet d’austérité stupide », a-t-il aussi affirmé.
« C’est la Commission qui insistait sur davantage de justice sociale de certaines mesures » dans les négociations avec Athènes, a martelé M. Juncker. « Il n’y a pas de coupes dans les salaires dans ce paquet, il n’y a pas de coupes dans les retraites », a-t-il dit.
Le gouvernement grec a répondu de façon lapidaire en mettant en cause la « sincérité » de Jean-Claude Juncker, qualité jugée « nécessaire » dans une négociation, selon la formule du porte-parole du gouvernement Gabriel Sakellaridis.
« L’indice nécessaire de bonne de foi et crédibilité dans une négociation est la sincérité », a dit le porte-parole du gouvernement dans une sommaire déclaration écrite en réponse à l’intervention de M. Juncker qui a notamment dit se sentir « trahi » car (ses) efforts ont été insuffisamment pris en compte » par les Grecs.