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Juncker : pour rejoindre l’UE, les Balkans devront régler leurs querelles de frontières


Par ailleurs, "il est faux d'affirmer que moi ou la Commission avons dit que d'ici 2025 l'adhésion de la Serbie et du Monténégro doit être réglée. C'est une date indicative", a clarifié à Strasbourg le chef de l'exécutif européen. (photo AFP)

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a prévenu mardi les pays des Balkans qu’ils ne pourront pas rejoindre l’UE avant d’avoir réglé leurs querelles frontalières, précisant que la date de 2025 pour une adhésion était « indicative ».

« Il n’y aura pas d’élargissement supplémentaire des pays des Balkans sans que les problèmes ayant trait à des frontières soient résolus au préalable, avant toute adhésion », a déclaré Jean-Claude Juncker devant les députés européens réunis en session plénière à Strasbourg. L’UE a démarré des pourparlers d’adhésion avec la Serbie début 2014 et avec le Monténégro en 2012. Le président de la Commission européenne avait dit en novembre penser que ces deux pays seraient membres de l’Union européenne « avant 2025 ». « Il est faux d’affirmer que moi ou la Commission avons dit que d’ici 2025 l’adhésion de la Serbie et du Monténégro doit être réglée. C’est une date indicative », a clarifié à Strasbourg le Luxembourgeois.

Quatre autres pays des Balkans occidentaux sont concernés: l’Albanie, l’ancienne République Yougoslave de Macédoine (FYROM), la Bosnie-Herzégovine et le Kosovo. Les pays de l’ex-Yougoslavie ont été déchirés par de violents conflits, susceptibles de se rallumer, au début des années 90. « Je voudrais que les pays des Balkans puissent adhérer quand les conditions seront remplies. Ce n’est pas encore le cas pour l’instant, ces pays sont encore loin de remplir les conditions pour adhérer à l’UE, mais nous devons les aider à emprunter cette voie », a estimé Jean-Claude Juncker.

Pour les aider, la Commission européenne a élaboré une stratégie politico-économique dotée de financements ciblés. Six initiatives sont identifiées: sécurité et migrations, réconciliation, État de droit, transports et énergie, numérique et relations de bon voisinage.

Adhésions « dans l’intérêt » des citoyens européens

Le chancelier autrichien Sebastian Kurz a fait part mardi de sa volonté de s’investir sur ce dossier pendant les six mois de la présidence autrichienne de l’UE à partir de juillet. « Nous devons jouer un rôle actif dans cette région qui est importante pour nous, et soutenir la lutte contre la corruption et la radicalisation. Pour cela, il est indispensable d’offrir aux États une perspective européenne crédible », a expliqué le chancelier dans un communiqué.

En exigeant que les problèmes frontaliers soient résolus avant une adhésion à l’UE, Juncker veut éviter des contentieux comme celui opposant la Slovénie et la Croatie concernant la baie de Piran, au nord de l’Adriatique. Les deux voisins sont devenus membres de l’UE, respectivement en 2004 et 2013, mais se disputent cette zone depuis leur indépendance en 1991. « Ce problème entre la Slovénie et la Croatie doit être résolu rapidement. (…) Nous n’allons pas jouer ce jeu une deuxième fois : ces problèmes doivent être résolus avant qu’il n’y ait un élargissement », a insisté le chef de l’exécutif européen.

La Commission est consciente des réticences exprimées au sein de l’Union à l’idée de nouvelles adhésions. Les citoyens européens doivent comprendre que l’ancrage de ces pays est « dans leur intérêt », a plaidé la diplomate en chef de l’UE, Federica Mogherini. « Les pays des Balkans occidentaux sont en Europe et sont entourés de pays membres de l’UE. Un problème dans un de ces pays est un problème pour l’Union », a-t-elle souligné. « La seule garantie en matière de sécurité est d’ancrer solidement ces pays grâce à la perspective d’une intégration. » Federica Mogherini a rappelé les menaces de conflits que font peser dans ces pays les tensions religieuses et politiques, le crime organisé et la corruption. « Je ne voudrais pas que dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, nous nous mordions les doigts de ne pas avoir utilisé le potentiel de l’intégration », a-t-elle lancé.

Le Quotidien/AFP