Le fondateur de WikiLeaks Julian Assange a été arrêté jeudi dans l’ambassade d’Equateur à Londres, où il était réfugié, également au terme « d’une demande d’extradition » des autorités américaines, a annoncé la police britannique dans un communiqué.
Ce motif vient s’ajouter à un autre évoqué par Scotland Yard, à savoir un mandat de juin 2012 délivré par le tribunal londonien de Westminster pour non présentation à la justice.
Julian Assange est inculpé de « piratage informatique » aux États-Unis, a révélé, jeudi, le ministère américain de la Justice. Selon l’acte d’inculpation, qui était jusqu’ici sous scellé, l’Australien est accusé d’avoir aidé l’ex-analyste du renseignement américain Chelsea Manning à obtenir un mot de passe pour accéder à des milliers de documents classés secret-défense ensuite révélés au public.
C’est justement pour échapper à une extradition vers les États-Unis que Julian Assange s’est réfugié à l’ambassade d’Équateur de Londres.
Rappel de quelques dates-clés de l’affaire :
Fin juillet 2010, la presse mondiale publie 70000 documents confidentiels sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan diffusés par le site internet WikiLeaks. 400000 rapports concernant l’invasion américaine en Irak sont publiés en octobre et un mois plus tard, le contenu de quelque 250000 câbles diplomatiques américains.
Le 18 novembre, la Suède lance un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle présumés de deux Suédoises en août 2010. Assange assure que les jeunes femmes étaient consentantes.
Assange se livre à la police britannique le 7 décembre. Il est détenu neuf jours puis assigné à résidence dans le Suffolk (est de l’Angleterre).
En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d’extradition de la Suède. L’Australien redoute d’être extradé aux États-Unis et d’y encourir la peine de mort, en raison de la publication des documents secrets américains.
Edward Snowden : un «jour sombre pour la liberté de la presse»
Le lanceur d’alerte Edward Snowden a regretté jeudi un « jour sombre pour la liberté de la presse » après l’arrestation de Julian Assange.
« Les images de l’ambassadeur d’Équateur invitant la police secrète dans l’ambassade pour traîner dehors quelqu’un dont le travail journalistique – que ça plaise ou non – a été primé finiront dans les livres d’Histoire. Les détracteurs d’Assange peuvent se réjouir, mais c’est un jour sombre pour la liberté de la presse », a indiqué sur Twitter l’ancien consultant de la NSA.
Edward Snowden, qui vit en Russie après ses révélations sur la surveillance massive aux États-Unis, a qualifié la décision de l’Équateur de « révocation extraordinaire et très probablement sans précédent de ce que les Nations unies considèrent comme un octroi d’asile légitime ».
« Je n’ai pas à être d’accord avec la totalité du travail journalistique de quelqu’un pour être persuadé qu’il ne devrait pas être arrêté en raison de cela », a-t-il ajouté.
Jean-Luc Mélenchon veut que la France lui accorde l’asile politique
Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a de nouveau réclamé jeudi que la France offre « l’asile politique » à Julien Assange.
«Le nouveau président équatorien, aligné sur les intérêts des États-Unis, a décidé de retirer l’asile à Julian Assange», a critiqué Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué.
« L’honneur de notre pays doit être de lui accorder l’asile politique au moment où sa liberté est menacée », a-t-il plaidé, faisant valoir qu’il « a agi pour la cause de la liberté et de l’indépendance de la France en révélant des pratiques agressives contre nous ».
« La France aurait dû accorder l’asile à Julian Assange depuis des années! », a abondé sur Twitter le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan : « Accueillir les lanceurs d’alerte, défenseurs de la démocratie, devrait être l’honneur de notre pays ».
AFP