Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé lundi que la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme la capitale d’Israël rendait « la paix possible », et s’est dit persuadé que l’UE, qui ne l’entend pas ainsi, finirait par suivre.
La décision du président américain Donald Trump, décriée par la communauté internationale, « n’empêche pas la paix. Cela rend la paix possible car reconnaître la réalité est la substance de la paix », a martelé le chef du gouvernement israélien au côté de la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
« Je pense que tous les États européens, ou la plupart, déménageront leurs ambassades à Jérusalem, reconnaîtront Jérusalem comme la capitale d’Israël et s’engageront de manière énergique avec nous pour la sécurité, la prospérité et la paix », a-t-il estimé –contre toute évidence– avant de rencontrer les chefs de la diplomatie des 28 pays de l’Union européenne, une première pour un Premier ministre israélien en 22 ans.
A ses côtés, Federica Mogherini venait une nouvelle fois de prendre ses distances avec la décision américaine, qu’elle a condamnée à plusieurs reprises ces derniers jours.
« Nous pensons que la seule solution réaliste au conflit entre Israël et la Palestine est basée sur deux États, avec Jérusalem comme capitale des deux États, suivant les frontières de 1967. Ceci est notre position consolidée et nous continuerons de respecter le consensus international jusqu’à ce que le statut de la ville soit résolu par la négociation », a-t-elle insisté.
La neige, qui a paralysé la circulation pendant plusieurs heures lundi matin, a provoqué l’annulation de la rencontre prévue avec le président de la Commission Jean-Claude Juncker, Benjamin Netanyahu désirant pouvoir rentrer en Israël selon un porte-parole de la Commission.
« Choquée »
Les relations entre Israël et l’UE, qui dénonce régulièrement la colonisation des territoires palestiniens, impose un étiquetage des produits provenant des implantations et est le principal pourvoyeur de fonds de l’Autorité palestinienne, sont notoirement difficiles.
Samedi, Benjamin Netanyahu avait accusé l’Europe « d’hypocrisie » car elle dénonçait la déclaration américaine mais pas « les tirs de roquettes sur Israël ». « Je respecte l’Europe mais je ne suis pas prêt d’accepter une politique de deux poids deux mesures de sa part », avait-il dit.
Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi déclarant sa capitale « indivisible ». Cette annexion n’a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur État.
Jugeant crucial de « relancer le processus de paix même en ces temps difficiles », Federica Mogherini a également estimé que « le pire qui pourrait arriver maintenant est une escalade des tensions, de la violence », alors que des dizaines de milliers de manifestants ont protesté ces derniers jours au Moyen-Orient contre la décision américaine.
Depuis mercredi, des heurts dans les territoires palestiniens ont coûté la vie à quatre Palestiniens et fait plus de mille blessés.
Un garde de sécurité israélien a été grièvement blessé à Jérusalem après avoir été poignardé par un Palestinien. En Europe, samedi soir, une dizaine de personnes ont jeté des cocktails Molotov contre une synagogue de Göteborg, en Suède.
« Je condamne toutes les attaques contre des juifs, partout dans le monde y compris en Europe, contre Israël et des citoyens israéliens », a souligné en réaction Federica Mogherini, tandis que la Commission européenne se disait « choquée et indignée par la vague d’attaques et manifestations antisémites qui ont répandu la haine contre les juifs dans des villes européennes ces derniers jours ».
« Impasse »
Les ministres des 28 pays de l’UE abordaient cette réunion en ordre dispersé, certains voulant gommer les aspérités dans la relation houleuse avec Israël, comme la République tchèque, la Hongrie ou Lituanie, dont le chef de la diplomatie Linas Linkevicius est à l’origine de l’invitation lancée à Benjamin Netanyahu.
« Pour essayer de faciliter le dialogue, qui n’est vraiment pas facile comme on le voit, nous devons avoir des contacts directs, un dialogue ouvert, échanger nos arguments. Il y a plein de choses à discuter, comme les colonies ou la solution à deux États », a estimé Linas Linkevicius devant la presse.
La colonisation reste aux yeux des Européens l’un des principaux « obstacles à la paix », alors que le gouvernement israélien a relancé en octobre des projets de construction de milliers de logements de colons en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée.
Dimanche, le président français Emmanuel Macron a invité Benjamin Netanyahu à faire « des gestes courageux envers les Palestiniens pour sortir de l’impasse actuelle » et permettre ainsi « la reprise du dialogue israélo-palestinien », notamment « le gel de la colonisation » et des « mesures de confiance à l’égard de l’Autorité palestinienne ».
Le Quotidien/ AFP