L’émissaire pour le Proche-Orient du président américain Donald Trump est attendu lundi en Israël pour tenter d’apaiser les tensions créées par la mise en place de nouvelles mesures de sécurité autour de l’esplanade des Mosquées, tensions qui ont dégénéré en violences meurtrières ces derniers jours.
La visite de Jason Greenblatt intervient après plus d’une semaine de tensions provoquées par la mise en place par Israël de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est occupée. Israël a pris ces mesures de sécurité après une attaque le 14 juillet lors de laquelle deux policiers israéliens ont été tués à proximité de l’esplanade des Mosquées. Des heurts quotidiens entre manifestants et forces israéliennes ont fait depuis cinq morts et des dizaines de blessés parmi les Palestiniens à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupés. En Cisjordanie, un Palestinien a tué à coups de couteau trois Israéliens à leur domicile vendredi soir dans une colonie israélienne.
Un incident dimanche soir à Amman, au cours duquel, selon les autorités israéliennes, un Jordanien a attaqué avec un tournevis un garde de sécurité israélien dans l’enceinte de l’ambassade d’Israël, a suscité des spéculations sur un possible lien avec les violences à Jérusalem. Le garde de sécurité a répliqué en tuant l’assaillant jordanien. Un autre Jordanien sur place a également été tué accidentellement, a précisé le ministère israélien des Affaires étrangères.
« Tenter de réduire les tensions »
Par ailleurs, dans la nuit de dimanche à lundi un char israélien a pris pour cible des positions de la branche militaire du Hamas dans la bande de Gaza après un tir de roquette sur Israël depuis la bande de Gaza. Craignant que la situation ne continue à se détériorer, Jason Greenblatt «est parti pour Israël la nuit dernière afin de soutenir les efforts pour réduire les tensions dans la région», a dit lundi un responsable américain, sous couvert de l’anonymat.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir lundi en urgence et à huis clos pour discuter de ces violences, à la demande de la France, de la Suède et de l’Egypte. Il doit examiner «la façon dont les appels à la désescalade peuvent être soutenus», a déclaré samedi l’ambassadeur suédois à l’ONU Carl Skau. Des responsables israéliens se sont dit ouverts dimanche à une modification du dispositif mis en place aux entrées de l’esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l’islam, dans la vieille ville.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ainsi affirmé que «les responsables de la sécurité (…) avaient recommandé des mesures. Nous déciderons en conséquence». Les entrées de l’esplanade sont contrôlées par Israël, qui l’appelle Mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme, mais elle est gérée par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu’à certaines heures et n’ont pas le droit d’y prier.
« Jouer avec le feu »
Les autorités israéliennes assurent qu’elles n’ont pas l’intention de modifier ces règles tacites. Le chef de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a accusé dimanche Israël de «jouer avec le feu» en imposant ces nouvelles mesures de sécurité, et le président turc Recep Tayyip Erdogan les a qualifiées d’insulte au monde musulman. Les violences se sont intensifiées vendredi après les prières musulmanes hebdomadaires, au cours desquelles des milliers de fidèles se rendent généralement sur l’esplanade des Mosquées.
Des affrontements entre manifestants palestiniens et forces de l’ordre israéliennes dans la vieille ville et en Cisjordanie occupée, ont fait ce jour là trois morts Palestiniens et des dizaines de blessés. Deux autres Palestiniens ont été tués dans des échauffourées en Cisjordanie samedi, l’un d’entre eux par le cocktail molotov qu’il s’apprêtait à lancer sur les forces de l’ordre israéliennes. Ce nouvel accès de fièvre fait craindre une reprise de la vague de violences qui secoue Israël et les Territoires palestiniens depuis octobre 2015 et qui a coûté la vie à 289 Palestiniens, 47 Israéliens, deux Américains, deux Jordaniens, un Erythréen, un Soudanais et une Britannique.
Cette vague de violences avait commencé après plusieurs jours d’affrontements en septembre 2015 autour de l’esplanade des Mosquées et avait considérablement diminué ces derniers mois.
Le Quotidien/AFP