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Jean-Claude Juncker : « la Turquie s’éloigne chaque jour de l’Europe »


Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, s'adresse aux députés européens réunis en session plénière à Strasbourg, le 26 octobre 2016. (Photo : AFP)

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a mis en doute mardi la volonté turque d’adhérer à l’UE, déplorant que ce pays «chaque jour s’éloigne de l’Europe», dans une référence aux vastes purges menées par le régime.

Cette déclaration intervient après l’appel lancé mardi par les 28 pays membres de l’UE, exhortant la Turquie à «sauvegarder sa démocratie parlementaire», au lendemain d’une protestation officielle d’Ankara contre les critiques européennes. «Je constate avec amertume, moi qui suis un ami de la Turquie, que la Turquie chaque jour s’éloigne de l’Europe», a déclaré Jean-Claude Juncker lors d’un discours devant le Collège de Bruges, un établissement d’enseignement dédié aux matières européennes.

Il faut que «la Turquie nous dise si oui ou non elle veut véritablement devenir membre de l’UE», a-t-il ajouté, car «tout ce que font les autorités turques aujourd’hui me fait croire que finalement la Turquie ne veut pas» respecter les conditions requises. «Si demain nous refusions la libéralisation des visas à la Turquie, la faute n’en reviendrait pas à l’Europe mais aux autorités turques», a-t-il aussi dit, rappelant que le pays ne respectait toujours pas les conditions de l’UE pour obtenir cette mesure à court terme.

Sauver la démocratie parlementaire

«L’UE et ses États membres suivent les plus récents développements en Turquie avec une grave inquiétude», ont indiqué plus tôt mardi les 28 dans un texte publié par la chef de la diplomatie de l’UE, Federica Mogherini. Les États membres y mentionnent la réintroduction à nouveau envisagée de la peine de mort, la «poursuite des restrictions à la liberté d’expression», «la fermeture de médias et les mandats d’arrêt contre les journalistes», les arrestations de députés prokurdes.

L’UE et les 28 «demandent à la Turquie de sauvegarder sa démocratie parlementaire, y compris le respect des droits de l’homme, l’état de droit, les libertés fondamentales et le droit de chacun à un procès équitable», rappelant à Ankara ses engagements en la matière «en tant que pays candidat» à l’adhésion à l’UE. Le Européens y appellent au «retour à un processus politique crédible et à un véritable dialogue politique», le jugeant «essentiel pour la démocratie du pays et la stabilité de la région».

Cette nouvelle mise au point intervient au lendemain d’une protestation du gouvernement turc contre les critiques récurrentes des Européens, transmise lundi aux ambassadeurs des 28 à Ankara. Mais côté européen des voix réclament une plus grande fermeté vis-à-vis du régime turc, malgré le risque de mettre en péril l’accord migratoire conclu en mars avec Ankara, qui a permis une réduction drastique des arrivées de migrants sur les côtes grecques.

L’UE et ses États se sont dits «prêts à poursuivre le dialogue politique avec la Turquie à tous les niveaux, dans le cadre établi». La Commission européenne doit publier mercredi un nouveau rapport d’étape de l’UE sur le processus d’adhésion de la Turquie. Selon la presse allemande, Ankara devrait y être épinglé sur la question de la liberté d’expression.

Le Quotidien/afp