Une ville de l’est du Japon a été brusquement envahie jeudi par les eaux d’une rivière en furie alors que des pluies diluviennes charriées par de récents typhons s’abattaient depuis plusieurs jours sur le pays.
La chaîne publique NHK a montré en direct dans l’après-midi la rivière Kinugawa rompant une de ses rives et lâchant une gigantesque vague boueuse à travers une partie de la ville de Joso. Cette agglomération de 65.000 habitants est située à 60 km au nord de la capitale Tokyo, qui avait aussi subi des inondations la veille.
L’eau s’est engouffrée à grande vitesse jeudi après-midi dans la large et profonde brèche creusée dans la rive herbue, détruisant maisons et voitures et montant jusqu’aux étages des habitations. Des hommes et des femmes juchés sur des toits ou des balcons faisaient de grands gestes désespérés pour appeler à l’aide.
Des hélicoptères s’activaient pour les sauver.
Plusieurs personnes étaient selon les médias portées disparues à travers le pays, où en de nombreux endroits l’eau arrivait à la taille et où les sauveteurs s’efforçaient de placer les habitants en lieu sûr en les récupérant sur des embarcations.
Les pluies torrentielles ont également eu pour effet de déverser dans l’océan de l’eau contaminée par la radioactivité à proximité de la centrale de Fukushima dévastée par le tsunami de 2011, selon un porte-parole de la compagnie Tepco.
«Ces intempéries sont d’une ampleur que nous n’avons encore jamais connue et elles présentent un danger immédiat», avait averti un responsable de l’agence de météorologie, Takuya Deshimaru, lors d’une conférence de presse diffusée jeudi matin à la télévision.
«Le gouvernement va rester uni et faire tout son possible pour affronter cette catastrophe (…) en plaçant la vie des gens en priorité», a déclaré dans l’après-midi à la presse le Premier ministre Shinzo Abe. Des soldats se rendaient jeudi à Joso pour aider les sauveteurs.
Nombreux ordres d’évacuation
Les images de la télévision ont montré un homme accroché seul à un pylône tandis que l’eau tourbillonnait tout autour de lui. Non loin, un sauveteur était suspendu à un hélicoptère pour sortir une personne d’une maison submergée. L’homme agrippé au pylône a ensuite été tiré d’affaire par l’hélicoptère.
D’autres habitants désespérés agitaient des serviettes pour se faire remarquer des équipes de sauvetage. «Je vous en prie, continuez à demander de l’aide, ne désespérez pas», disait à l’adresse des habitants un journaliste de la NHK, chaîne dotée d’une mission de service public dans les situations de catastrophe naturelle.
Joso se trouve dans la préfecture d’Ibaraki, où l’Agence nationale de météorologie avait lancé une «alerte spéciale», niveau le plus élevé et rarement atteint. Une alerte similaire avait été émise dans la province de Tochigi. «La préfecture a demandé l’assistance des forces d’auto-défense et des hélicoptères de police de la région. Nous recevons de l’aide», a dit un responsable de la préfecture d’Ibaraki.
«Nous ne disposons pas d’informations à jour sur les dommages mais nous savons qu’ils sont importants et concernent de vastes régions», a-t-il ajouté.
Les autorités de Tochigi ont ordonné à plus de 90.000 résidents d’évacuer et ont conseillé à 116.000 autres de le faire, a précisé la NHK. Dans la préfecture d’Ibaraki, au moins 20.000 personnes ont reçu l’ordre de quitter leur logement.
Les sauveteurs cherchaient dans la matinée de jeudi une personne portée disparue dont ils craignaient qu’elle ait été emportée par un glissement de terrain, avait indiqué un responsable de la ville de Kanuma dans la préfecture de Tochigi.
Il s’agit d’une femme d’une soixantaine d’année ensevelie par une coulée de boue qui a détruit des maisons, a rapporté pour sa part la chaîne NHK. Son mari a été sauvé peu après, a précisé la chaîne.
Deux hommes étaient portés disparus dans la ville touristique de Nikko, connue pour ses nombreux temples, a indiqué la NHK. Au moins 16 blessés avaient déjà été déplorés mercredi au passage du typhon Etau, qui s’est éloigné au nord-ouest après avoir traversé le centre du pays.
AFP/M.R.