Trois condamnés à mort japonais ont engagé mardi une action en justice contre l’État nippon, dénonçant la « cruauté » des exécutions par pendaison et demandant leur arrêt, a-t-on appris de leur avocat.
Les trois plaignants, détenus à Osaka, dans l’ouest du Japon, dont les identités n’ont pas été dévoilées, veulent « obtenir une injonction » contre les exécutions par pendaison, a déclaré Me Kyoji Mizutani.
Ils demandent aussi compensation à hauteur de 33 millions de yens (229 000 euros) pour la « détresse psychologique » subie depuis leurs condamnations à mort prononcées en 2000, a ajouté l’avocat.
Le Japon est, avec les États-Unis, l’un des seuls pays démocratiques à recourir encore à la peine capitale. L’opinion publique nippone y reste favorable malgré les critiques.
Une victoire judiciaire entraînerait un bouleversement de la législation sur les exécutions dans l’archipel, qui compte actuellement plus de 100 condamnés à mort en attente de leur exécution. Parmi eux se trouvent des tueurs en série.
De longues années s’écoulent généralement entre l’énoncé de la sentence et son exécution par pendaison, mais les détenus sont habituellement prévenus quelques heures seulement avant leur exécution.
Quand la peine capitale est appliquée au Japon, les condamnés, dont les mains sont menottées et les yeux bandés, sont conduits au-dessus d’une trappe qui s’ouvre sous leurs pieds, au moyen d’un mécanisme déclenché par un des boutons fixés au mur d’une pièce contiguë, activés simultanément par plusieurs gardes qui ignorent lequel fonctionne.
Deux autres condamnés à mort avaient intenté une action en justice contre le gouvernement l’an dernier, dénonçant comme illégale la pratique d’avertir les détenus quelques heures seulement avant leur exécution, source selon eux de troubles psychologiques.
Me Mizutani a appelé à un « débat plus ouvert » autour de la peine de mort au Japon.
En juillet dernier, un homme de 39 ans condamné à mort pour avoir tué sept personnes à Tokyo en 2008 a été exécuté. Trois autres condamnés à mort avaient été exécutés en décembre 2021, la première application de la peine capitale dans le pays en deux ans.