Matteo Salvini, responsable politique anti-euro et anti-immigrés, a provoqué mercredi une nouvelle polémique en Italie en appelant à « raser les camps roms » surpeuplés de la péninsule.
Matteo Salvini occupe l’espace médiatique italien depuis un an, multipliant les déclarations chocs et suscitant des polémiques. (Photo AFP)
Le jeune chef de la Ligue du Nord, omniprésent depuis un an dans les médias, a déclaré dans une interview qu’il souhaitait « donner six mois de préavis puis raser les camps roms », en laissant leurs habitants acheter ou louer un logement comme le reste de la population.
L’Italie compte environ 170 000 Roms et Sinti, dont plus de la moitié sont Italiens et bien insérés, mais dont environ 40 000 s’entassent dans des camps souvent insalubres et subissent violences et discriminations. Les résidents de ces camps ne peuvent postuler à des logements sociaux et sont donc piégés dans ces centres éloignés des écoles, des commerces et des emplois. « Après nous avoir isolés pendant 30 ans, maintenant ils veulent venir avec des bulldozers pour se débarrasser de nous ? Qu’ils essaient », a déclaré Dijana Pavlovic, porte-parole du conseil Rom et Sinti.
Mais les propos de M. Salvini ont suscité une nouvelle flambée de commentaires violents sur les réseaux sociaux, certains réclamant l’intervention immédiate des bulldozers dans les camps, sans même attendre le départ de leurs habitants. En 2014, un rapport du European Roma Rights Center (ERRC) avait évoqué un « climat de racisme en constante augmentation », avec des camps attaqués aux cocktails molotov sans que la police réagisse.
L’organisation pro-Roms Associazione 21 Luglio a accusé mercredi M. Salvini de chercher à gagner les faveurs des électeurs avant les élections régionales prévues le 31 mai dans sept des 20 régions du pays. Carlo Stasolla, président de l’association, a indiqué que des réseaux de corruption ont tout intérêt à ce que les camps subsistent.
En décembre, l’enquête sur un vaste réseau mafieux à Rome avait ainsi révélé que l’un de ses chefs, Salvatore Buzzi, dirigeait une association ayant reçu près de 2 millions d’euros pour gérer un camp délabré à Castel Romano, en périphérie de la capitale. Parallèlement, 34 camps avec un total d’environ un millier de résidents ont été évacués par la force en 2014, ce qui a coûté plus d’un million d’euros aux contribuables.
AFP