Paolo Gentiloni, 62 ans, désigné nouveau chef du gouvernement italien, est un diplomate de caractère et homme de gauche modéré, qui s’est rallié très tôt à son prédécesseur Matteo Renzi.
« Renzien avant Renzi lui-même », titrait en 2014 le quotidien La Stampa, dans un portrait qui lui était consacré au moment de sa nomination à la Farnesina, le siège du ministère des Affaires étrangères. Les deux hommes sont pourtant de caractère opposé. La réserve et la discrétion de Paolo Gentiloni tranchent avec l’énergie bouillonnante et la surexposition médiatique du président du Conseil sortant.
Le président italien, Sergio Mattarella, avait indiqué samedi vouloir un gouvernement rapidement pour permettre à l’Italie de faire face à ses engagements notamment à l’international. Le fait que Gentiloni puisse se saisir sans tarder des grands dossiers internationaux a certainement joué en la faveur de ce diplomate apprécié de ses homologues étrangers. L’Italie prend l’an prochain la présidence du G7, le groupe des sept pays les plus riches de la planète, et organise un sommet de ses dirigeants en mai à Taormina en Sicile. L’Italie fait également son entrée au Conseil de sécurité. Le gouvernement précédent souhaitait aussi saisir l’occasion du 60ème anniversaire du Traité de Rome, en mars prochain, pour tenter de relancer l’Union européenne après le Brexit, un projet suivi de près par Gentiloni.
Le « paravent qui fera carrière »
Cet ancien journaliste diplômé de sciences politiques est apprécié au sein du Parti démocrate (PD, centre-gauche) de Matteo Renzi, dont il est l’un des fondateurs. Ancien gauchiste, membre d’un mouvement maoïste dans sa jeunesse, Paolo Gentiloni est aujourd’hui l’un des soutiens les plus fidèles du président du Conseil sortant, dont il est proche politiquement depuis une dizaine d’années.
Romain de cœur et de naissance, membre d’une vieille famille aristocratique de la capitale, il a été le porte-parole de l’ancien maire de Rome Francesco Rutelli, entre 1993 et 2001. Ce dernier qualifiait alors celui qui le protégeait des journalistes de « paravent qui fera carrière », selon La Stampa. Adjoint au tourisme, Paolo Gentiloni avait également été en charge de la préparation du Jubilé de l’an 2000 à Rome. En 2012, il tente d’être le candidat de son parti à la mairie de la ville éternelle, mais il arrive troisième sur trois aux élections primaires du PD.
Avec Francesco Rutelli, il participe au mouvement réformiste de gauche lancé à la fin des années 90, l’Ulivo, qui deviendra en 2007 le Parti démocrate. Ce mouvement porte au pouvoir Romano Prodi, dont Paolo Gentiloni sera le ministre des Communications entre 2006 et 2008 lors de la deuxième expérience de gouvernement de l’ancien président de la Commission européenne. A la Farnesina, celui que ses amis décrivent comme un perfectionniste, modéré dans ses jugements et ses opinons, a représenté l’Italie dans le monde au moment où celle-ci entendait retrouver toute sa place sur la scène internationale. A Bruxelles, il a défendu avec fermeté son pays tout au long de la crise migratoire, même si l’Italie n’a pas toujours été entendue lorsqu’elle réclamait davantage de solidarité de la part de ses partenaires européens.
Le Quotidien/AFP