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Italie : Giuseppe Conte, l’illustre inconnu qui veut durer


La popularité de Giuseppe Conte est élevée, tandis que celle de Matteo Renzi est au plus bas. (archives AFP)

Giuseppe Conte est devenu Premier ministre sans s’être jamais frotté au suffrage universel, mais il a fait preuve jusqu’ici d’une grande habilité politique pour rester au pouvoir.

En pleine pandémie qui a mis l’économie du pays à terre et fait plus de 82 000 morts, il espère bien conserver son poste, à condition de rallier mardi sur le fil du rasoir des parlementaires soucieux de barrer la route à la droite et l’extrême droite.

Cet avocat et professeur de droit de 56 ans, qui n’a jamais été candidat à une élection, était un illustre inconnu lorsqu’il a pris la tête d’un premier gouvernement en juin 2018. Orateur volubile, peu charismatique mais rassurant, l’homme dirige son deuxième gouvernement depuis septembre 2019.

Mais l’ex-Premier ministre Matteo Renzi a fait exploser la coalition au pouvoir, en sortant du gouvernement les deux ministres de son petit parti Italia Viva, créé en septembre 2019 en dissidence du Parti démocrate (centre-gauche). Pendant des semaines, le bouillonnant Renzi a pilonné le chef du gouvernement italien, l’accusant de « dilapider » la manne du colossal plan européen de relance en distribuant aides et ristournes fiscales au détriment des investissements dans les infrastructures.

Reste que la popularité de Giuseppe Conte est élevée, tandis que celle de Matteo Renzi est au plus bas. Le chef du gouvernement a su notamment taper du poing sur la table lors des négociations européennes pour aboutir à un plan de solidarité généreux. Selon un sondage Ipsos pour le quotidien Il Corriere della Sera, Conte recueillait mi-décembre 57% d’opinions favorables, contre seulement 11% pour Renzi.

Politiquement indépendant mais très proche de l’inclassable Mouvement 5 Étoiles (qualifié « d’anti-système » avant d’accéder au pouvoir), électeur de gauche toute sa vie, il avait été propulsé en juin 2018 Premier ministre, du jour au lendemain. Parti un matin pour donner ses cours à l’université de Florence, il avait prêté serment le lendemain et représentait l’Italie à la table du G7 au Canada une semaine plus tard.

« Avocat du peuple »

« Je suis professeur et avocat, je propose d’être l’avocat du peuple italien », dira-t-il en acceptant de former le premier gouvernement.

A la tête d’un gouvernement populiste dominé par deux hommes forts – Matteo Salvini chef souverainiste de La Ligue et l’inexpérimenté Luigi di Maio du Mouvement 5 Étoiles – il avait d’abord endossé l’habit d’un très discret arbitre. Avant d’afficher une fermeté de dernière minute en accusant Salvini d’être « irresponsable » pour avoir fait éclater ce premier gouvernement en août 2019. L’effacé professeur d’université, qui avait habitué les Italiens à un langage tout en retenue, avait subitement fustigé la « focalisation obsessionnelle » sur l’immigration du populiste Salvini.

L’avocat se retrouve ensuite à la manœuvre pour former un deuxième gouvernement plus à gauche baptisé « Conte bis », entre le M5S et le Parti démocrate (centre gauche), à la tête duquel il prend sa véritable dimension.

Car c’est bien un tout nouvel univers pour cet homme né en 1964 à Volturara Appula, un village de 500 habitants dans les Pouilles (le talon de la Botte), qui a grandi auprès d’un père secrétaire de mairie et d’une mère maîtresse d’école à San Giovanni Rotondo, la ville de Padre Pio, un des saints les plus révérés d’Italie. Il est d’ailleurs le premier chef du gouvernement à être originaire du sud de l’Italie en trois décennies.

Après des études de droit à Rome, l’avocat catholique a enseigné le droit privé en Sardaigne, à Rome, à Florence et à Malte. Il a aussi été membre du conseil d’administration de l’Agence spatiale italienne, consultant juridique de la Chambre de commerce de Rome et membre du comité de surveillance de plusieurs compagnies d’assurances en faillite.

Séparé de son épouse, il a un fils de 13 ans avec lequel il partage une passion pour le football.

LQ/AFP