Accueil | Monde | Israël interdit une organisation islamiste accusée d’inciter à la violence

Israël interdit une organisation islamiste accusée d’inciter à la violence


Le chef de la branche nord du mouvement islamique en Israël Raëd Salah, à Jérusalem le 27 octobre 2015. (Photo : AFP)

Israël a annoncé mardi l’interdiction d’une organisation islamiste accusée d’inciter Arabes israéliens et Palestiniens à la violence en propageant des «mensonges» au sujet de l’esplanade des Mosquées, site sensible de Jérusalem-Est au cœur des violences récentes.

Cette mesure concerne la «branche nord» du Mouvement islamique en Israël, dont les locaux et ceux d’associations qui lui sont liées ont été perquisitionnés dans plusieurs villes, a annoncé la police.

«Toute personne qui appartient à cette organisation, ou lui fournit des services ou agit dans son cadre, commet désormais un délit passible d’une peine de prison», a affirmé le gouvernement israélien dans un communiqué.

Mohamad Barake, dirigeant du Haut comité de suivi des Arabes Israéliens, qui regroupe les principales organisations représentant cette communauté, a annoncé à l’AFP une grève générale jeudi dans les localités arabes israéliennes pour dénoncer cette «décision politique qui sert les intérêts de Benjamin Netanyahu», le Premier ministre israélien.

Le chef de la «branche nord», Raëd Salah, a pour sa part dénoncé une mesure «injuste et inacceptable».

M. Salah a récemment été condamné à 11 mois de prison ferme pour avoir appelé en 2007 «tout musulman et Arabe à venir en aide aux Palestiniens et à lancer une intifada islamique» pour l’esplanade des Mosquées, lieu sacré pour les musulmans et les juifs.

Lors des perquisitions dans les locaux de l’organisation et de 17 associations, de l’argent, des documents et des ordinateurs ont été saisis, selon la police. Tous leurs comptes bancaires ont été gelés.

Cette interdiction intervient alors que Benjamin Netanyahu est décidé à durcir la répression face à la flambée de violences qui a fait, depuis le 1er octobre, 83 morts côté palestinien (dont un Arabe israélien) et 12 côté israélien.

Israël a de nouveau recours aux démolitions de maisons de Palestiniens accusés d’être auteurs d’attentats et refuse de restituer tous les corps des Palestiniens tués. Une loi prévoyant une peine minimale de trois ans de prison pour les lanceurs de pierres a également été votée.

L’interdiction de cette organisation s’inscrit dans cette politique, même si une certaine accalmie est perceptible ces derniers temps à Jérusalem-Est, partie palestinienne occupée et annexée par Israël de la ville sainte.

«Campagne mensongère»

L’organisation était depuis des mois dans le collimateur des autorités.

Dans son communiqué, le gouvernement l’accuse de «mener depuis des années une campagne d’incitation à la violence mensongère sur le thème +La mosquée Al-Aqsa (sur l’esplanade des Mosquées) est en danger+ en accusant faussement Israël de (…) violer le statu quo (les règles qui régissent ce site)».

Le gouvernement affirme aussi qu’elle «collabore étroitement et en secret» avec les islamistes palestiniens du Hamas et d’appartenir au courant «extrémiste du mouvement des Frères musulmans».

Benjamin Netanyahu a souligné dans un communiqué que «la démocratie doit se défendre contre ceux qui se livrent à des menées subversives, qui incitent à la violence contre des citoyens innocents», en vue selon lui de «créer un califat».

Selon le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan, «l’Etat d’Israël doit (…) être à l’avant-garde dans la lutte contre l’islamisme extrémiste dont on a vu les émissaires massacrer des innocents à Paris, New York, Madrid et en Israël».

«Le Mouvement islamique, le Hamas, Daech (acronyme en arabe du groupe jihadiste Etat islamique) et d’autres organisations ont une idéologie commune», a ajouté M. Erdan dans un communiqué.

Kamal al-Khatib, un dirigeant du mouvement interdit, a affirmé que son organisation avait condamné le «massacre commis» à Paris et s’opposait «aux positions de Daech».

Le Mouvement islamique, fondé au début des années 1970, était une seule et même mouvance jusqu’en 1996 quand il s’est scindé en deux entités distinctes, dont une seule, la «branche sud», participe aux institutions israéliennes.

La «branche nord» soutient notamment le mouvement des «mourabitoune», interdit en septembre par Israël. Ces «sentinelles» musulmanes venaient manifester – spontanément disaient-elles – aux portes de l’esplanade des Mosquées et leurs face-à-face avec des visiteurs juifs a régulièrement donné lieu à des heurts.

Les Arabes israéliens sont les descendants des Palestiniens restés sur leur terre après la création d’Israël. Citoyens israéliens, ils sont plus de 1,4 million (17,5% de la population).

AFP/M.R.