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Israël intensifie ses frappes contre Gaza avant une invasion terrestre


Au moins 42% des logements de la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés depuis le début du conflit, selon l'OCHA. (Photo AFP)

Israël a bombardé dans la nuit de dimanche la bande de Gaza après avoir annoncé l’intensification de ses frappes en préparation d’une invasion terrestre, après deux semaines d’une guerre déclenchée par l’attaque sanglante du mouvement palestinien Hamas.

Les Etats-Unis ont parallèlement annoncé le renforcement de leurs moyens militaires dans la région pour y prévenir un embrasement généralisé.

Selon le gouvernement du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, au moins 55 personnes ont été tuées dans le territoire dans la nuit de samedi à dimanche. « Dès aujourd’hui, nous allons augmenter les frappes » sur la bande de Gaza, a prévenu samedi le général Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, le but étant selon lui de « réduire les risques pour nos forces dans les prochaines étapes » du conflit.

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre sur son territoire, Israël s’est juré « d’anéantir » le mouvement islamiste palestinien. « Nous allons entrer dans Gaza, nous allons le faire pour un but opérationnel, détruire les infrastructures et les terroristes du Hamas, et nous allons le faire de manière professionnelle », a affirmé samedi lors d’une revue des troupes le chef d’état-major israélien, le général Herzi Halevi.

Plus de 1 400 personnes ont été tuées en Israël par le Hamas depuis le 7 octobre, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou mutilés le jour de l’attaque des combattants du mouvement islamiste palestinien menée à partir de Gaza, selon les autorités israéliennes. Dans la bande de Gaza, au moins 4.385 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les bombardements incessants menés en représailles par l’armée israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée israélienne a massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de ce territoire exigu où vivent 2,4 millions de Palestiniens. Une opération terrestre s’annonce périlleuse dans ce territoire surpeuplé, truffée de pièges mortels et de tunnels, et face à des combattants du Hamas aguerris qui détiennent toujours plus de 200 otages israéliens ou étrangers.

« Gaza est complexe, Gaza est densément peuplé, l’ennemi y prépare beaucoup de choses, mais nous nous préparons aussi pour lui », a prévenu le général Halevi. « Et nous garderons en tête les photographies et les images, ainsi que les morts d’il y a deux semaines ».

Famille décimée

A six kilomètres de la frontière avec Gaza, le kibboutz de Beeri, où les commandos du Hamas ont massacré au moins 100 personnes le 7 octobre, se prépare à de nouveaux enterrements dimanche. « Je ne suis pas certain qu’un seul d’entre nous soit en mesure d’assimiler et de comprendre ce qui s’est passé », raconte Romy Gold, un ancien parachutiste de 70 ans, qui s’apprête à assister aux funérailles de cinq membres d’une même famille.

« Il nous faut l’assurance que cela n’arrivera plus », dit-il, « et ce n’est pas le sentiment que nous avons ». Selon l’armée israélienne, environ 1.500 combattants du Hamas ont été tués dans la contre-offensive ayant permis à Israël de reprendre le contrôle des zones attaquées.

Israël a appelé le 15 octobre les civils du nord de la bande de Gaza à fuir vers le sud pour se mettre à l’abri des bombardements.

Situation « catastrophique » à Gaza

Mais les bombardements se poursuivent aussi dans le sud de la bande de Gaza. Les autorités du Hamas ont fait état de neuf morts lors d’une frappe à Khan Younès dans la nuit de samedi à dimanche. Selon l’ONU, au moins 1,4 million de Palestiniens ont été déplacés depuis le début du conflit, et la situation humanitaire dans le territoire est « catastrophique ».

« Le temps est compté avant que les taux de mortalité ne montent en flèche en raison de l’apparition de maladies et du manque de capacités en matière de soins de santé », ont averti samedi cinq agences de l’ONU. Soumise à un blocus israélien terrestre, aérien et maritime depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007, la bande de Gaza est placée depuis le 9 octobre en état de « siège complet » par Israël qui y a coupé l’eau, l’électricité et l’approvisionnement en nourriture.

Samedi, un convoi de vingt camions transportant de l’aide humanitaire est entré depuis l’Egypte par le poste-frontière de Rafah, la seule issue de la bande de Gaza qui ne soit pas contrôlée par Israël, qui a été à nouveau fermé ensuite. Mais selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), ces vingt camions n’équivalent qu’à 4% des importations quotidiennes de Gaza avant le début des hostilités, et au moins 100 camions par jour sont nécessaires pour améliorer la situation.

Au moins 42% des logements de la bande de Gaza ont été détruits ou endommagés depuis le début du conflit, selon l’OCHA.

Renforcement américain

Autre foyer de tension, le nord d’Israël, où les échanges de tirs se multiplient entre l’armée israélienne et le Hezbollah pro-iranien, allié du Hamas et basé dans le sud du Liban. Le Hezbollah « entraîne le Liban dans une guerre dont il ne tirera aucun profit, mais dans laquelle il risque de perdre beaucoup », a averti dimanche le porte-parole de l’armée israélienne Jonathan Conricus.

Face aux « escalades de l’Iran et de ses forces affiliées », le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a annoncé le déploiement de plusieurs systèmes de défense antimissiles « à travers la région », sans préciser où exactement, et le placement en état de « pré-déploiement » de moyens militaires supplémentaires, sans préciser leur nombre.

« Ces mesures renforceront les efforts de dissuasion régionale, augmenteront la protection des forces américaines dans la région et contribueront à la défense d’Israël », a déclaré M. Austin. Après le 7 octobre, les Etats-Unis ont déjà déployé deux porte-avions et leurs navires d’escorte en Méditerranée orientale pour protéger Israël.

Tant du côté israélien que du côté libanais, les villes proches de la frontière se vident de leurs habitants, qui craignent un embrasement. Selon les autorités libanaises, près de 4 000 personnes ont afflué depuis le sud du pays vers la ville côtière de Tyr et on trouvé refuge dans des écoles publiques ou chez leurs proches.

« Ce qu’on voit à la télévision, les massacres qui ont lieu à Gaza, les enfants, ça nous brise le coeur », déclare Moustafa el-Sayyed, 53 ans, parti avec ses deux femmes et ses onze enfants de Beit Lif, un petit village situé à moins de six kilomètres de la frontière avec Israël. Depuis le 7 octobre, des dizaines de personnes ont aussi été tuées en Cisjordanie occupée, par l’armée israélienne ou des habitants des colonies.

L’armée israélienne a affirmé dimanche avoir tué, lors d’une frappe aérienne, des « terroristes » qui s’abritaient dans un souterrain de la mosquée Al-Ansar de Jénine, en Cisjordanie.

Une mosquée comme « centre de commandement pour planifier des attaques »

Une personne est morte et trois autres ont été blessées dans cette frappe, selon le Croissant Rouge de Jénine. D’après l’armée israélienne, la mosquée servait de « centre de commandement pour planifier des attaques ».

Le ministère de la Santé Palestinien a donné un bilan de deux morts. Ailleurs en Cisjordanie, un Palestinien a été tué lors d’un raid militaire à Naplouse et un autre a été abattu à Tubas, a ajouté le ministère.

Par ailleurs, des frappes israéliennes dimanche ont mis hors service les deux principaux aéroports de Syrie, à Damas et Alep, ont rapporté les médias d’Etat en citant une source militaire.