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Israël démolit les maisons de Palestiniens auteurs d’attentats


Des Palestiens dans les décombres de leur maison détruite par les forces de sécurité israéliennes, le 6 octobre 2015 à Jérusalem-Est. (Photo : AFP)

Israël a démoli mardi deux maisons de Palestiniens pour punir les auteurs d’attentats et appliquer les ordres du Premier ministre Benjamin Netanyahu de réprimer sans merci la flambée de violences actuelles à Jérusalem et en Cisjordanie.

Les policiers, les soldats et les artificiers israéliens «sont arrivés vers minuit et ont évacué tout le monde» avant de «faire sauter vers 05H20» le logement, a déclaré à Yasser Abou, un habitant de Jérusalem-Est, devant l’appartement éventré de Ghassan Abou Jamal.

Israël a aussi détruit le domicile de Mohammed Jaabis dans le même quartier de Jabal Moukaber, en face de la Vieille ville.

Ghassan Abou Jamal et son cousin avaient tué à l’arme à feu et au hachoir quatre fidèles juifs et un policier lors d’une attaque contre une synagogue de Jérusalem-Ouest le 18 novembre, dans le plus meurtrier des attentats récents en Israël. Mohamed Jaabis est pour sa part accusé par Israël d’avoir attaqué un bus avec un engin de chantier et tué une personne à la limite de Jérusalem-Est et Ouest le 4 août 2014.

Les deux hommes avaient été abattus. La famille de Mohamed Jaabis a toujours contesté la version de la police.

Leur logement ont été détruits quelques heures après l’annonce par M. Netanyahu d’une accélération des démolitions des auteurs d’attentats. Le Premier ministre a aussi donné toute latitude d’action à la police et à l’armée face à la vague de violences qui parcourt la Cisjordanie et Jérusalem-Est et réveille le spectre d’une nouvelle intifada, après celles de 1987 et 2000.

«Il n’y a aucune limite» à l’action des forces de sécurité, a dit M. Netanyahu.

« Mort pour la patrie »

Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, et la Cisjordanie sont en proie à une multiplication des attaques et des heurts entre Palestiniens et forces de sécurité et colons israéliens.

Depuis jeudi, quatre Israéliens ont été tués dans des attentats en Cisjordanie et dans la Vieille ville de Jérusalem. Du côté palestinien, deux jeunes accusés d’attaques au couteau ont été tués à Jérusalem et deux autres en Cisjordanie lors d’affrontements au cours desquels les soldats israéliens tirent de plus en plus systématiquement à balles réelles.

L’un d’eux, Abdel Rahmane Abdallah, 13 ans, devait être enterré mardi midi. «Mon fils est parti pour l’école, il a pris son cartable et n’est jamais rentré auprès de sa mère», a raconté cette dernière, Dalal, voilée de noir dans le camp de réfugiés d’Aida, près de Béthléem. «Des gens sont venus nous dire: ton fils est mort et j’ai couru comme une folle à l’hôpital».

Pour elle, son fils est «mort pour la patrie».

De très nombreux adolescents et enfants prennent part aux affrontements avec les soldats israéliens. Mais le sentiment de frustration ou d’exaspération est répandu parmi tous les Palestiniens qui attendent leur Etat depuis presque 70 ans.

Pressions sur Netanyahu

Les heurts se sont poursuivis dans la nuit en Cisjordanie. Cinq Palestiniens ont été blessés près du village de Beit Furik lors d’une confrontation avec des colons israéliens, a indiqué la police palestinienne.

La colère grossit aussi chez les colons après l’assassinat d’un couple, criblé de balles sous les yeux de ses enfants jeudi près de Beit Furik. Les services de sécurité israéliens ont annoncé lundi soir avoir démantelé la cellule, affiliée au Hamas islamiste selon eux, qui a commis cette attaque.

Les colons et les personnalités politiques de droite qui les défendent mettent la pression sur M. Netanyahu, non seulement pour réclamer plus de sécurité mais aussi davantage de colonies.

Des milliers d’entre eux ont ainsi manifesté dans la nuit devant la résidence du Premier ministre. Parmi eux se trouvaient trois ministres de M. Netanyahu, à la tête d’une majorité extrêmement fragile et tributaire du vote des colons.

A mesure que les tensions montaient, M. Netanyahu a annoncé toute une série de mesures, dont le déploiement de centaines de soldats supplémentaires en Cisjordanie et de milliers de policiers à Jérusalem, un assouplissement des règles d’ouverture du feu à Jérusalem, ou un recours accru aux emprisonnements sans inculpation ni procès.

Israël a aussi pris une disposition exceptionnelle en interdisant dimanche et lundi l’accès de la Vieille ville à l’immense majorité des quelque 300.000 Palestiniens de Jérusalem-Est. La Vieille ville a été rouverte mardi aux Palestiniens.

AFP/M.R.