L’armée israélienne a encore bombardé dimanche la bande de Gaza, au moment où le chef de l’ONU a exhorté à un cessez-le-feu « immédiat » dans le territoire palestinien assiégé et menacé de famine.
La bande de Gaza est dévastée par plus de sept mois de guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre. Le ministère de la Santé du Hamas, a fait état dimanche d’un bilan de plus de 35.000 morts, en majorité des civils, dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre.
Selon des correspondants et des témoins, l’armée israélienne a poursuivi ses frappes aériennes à travers le territoire, y compris dans la ville de Rafah à la lisière sud de la bande de Gaza, menacée d’une offensive terrestre majeure.
Les corps de 18 personnes tuées ont été transportés dans un hôpital de Rafah ces dernières 24 heures, où six blessés ont été également admis, a indiqué dimanche l’établissement hospitalier.
Deux médecins, père et fils, ont été tués par ailleurs dans des frappes israéliennes à Deir al-Balah (centre), selon les services de sécurité civile du Hamas.
« Je réitère mon appel, l’appel du monde entier à un cessez-le-feu humanitaire immédiat, à la libération inconditionnelle de tous les otages » détenus à Gaza et à « une augmentation immédiate de l’aide humanitaire », a déclaré Antonio Guterres dans une allocution vidéo lors d’une conférence internationale de donateurs au Koweït.
« Mais un cessez-le-feu ne sera qu’un début. Le chemin sera long pour se remettre de la dévastation et du traumatisme de cette guerre », a-t-il encore ajouté.
L’entrée des aides humanitaires à Gaza est quasiment bloquée selon l’ONU depuis que les troupes israéliennes ont pénétré lundi dans l’est de Rafah et pris le point de passage frontalier avec l’Égypte, verrouillant une porte d’entrée névralgique pour les convois d’aide.
Selon le porte-parole de l’autorité des points de passages de Gaza, Hicham Adwan, « des véhicules militaires israéliens ont avancé depuis la frontière (…) sur environ 2,5 kilomètres en profondeur » où ils se sont arrêtés.
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a estimé de son côté que les opérations israéliennes dans la ville de Rafah « rendent impossible la fourniture d’une assistance médicale vitale », ajoutant avoir commencé à évacuer 22 patients d’un hôpital de campagne à Rafah.
« Intolérable »
Selon l’ONU, quelque 1,4 million de Palestiniens, pour la plupart déplacés par les bombardements israéliens et les combats, s’entassent à Rafah. Quelque 300.000 d’entre eux ont quitté les quartiers est de la ville après plusieurs ordres d’évacuation lancés par Israël, selon l’armée.
L’armée a précisé samedi que les zones concernées par les ordres d’évacuation ont été « le théâtre d’activités terroristes du Hamas », au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, territoire pauvre d’environ 40 kilomètres de long, où vivent quelque 2,4 millions d’habitants.
« Les tirs d’artillerie n’ont jamais cessé (…) Nous nous sommes réveillés une nuit au bruit des chars et des véhicules blindés et, pendant un instant, nous avons eu l’impression qu’ils (les soldats israéliens) étaient à notre porte », a indiqué Mohammed Hamad un habitant de l’est de Rafah qui a dû se déplacer vers l’ouest de la ville. « Il n’y a pas d’endroit sûr à Gaza », a-t-il regretté.
Une offensive israélienne d’ampleur à Rafah « ne peut avoir lieu », a mis en garde dimanche le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, car elle contreviendrait, selon lui, au « droit international humanitaire ».
Dans le nord de la bande de Gaza, l’armée a émis également des ordres d’évacuation de Jabaliya et Beit Lahia, et fait état d’une « opération d’envergure » dans le quartier de Zeitoun dans la ville de Gaza. Selon la même source, le Hamas « essaye de se reconstruire » dans plusieurs zones.
Les ordres d’évacuation ont été qualifiés d' »inacceptables » par le président du Conseil européen Charles Michel, qui a appelé Israël à ne pas mener une « opération terrestre à Rafah », ville considérée par Israël comme le dernier bastion du Hamas.
Le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell a jugé « intolérable » l’évacuation de la population massée à Rafah vers des « zones non sûres ».
Décès d’un otage selon le Hamas
Le 7 octobre, des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une attaque contre Israël, faisant plus de 1.170 morts, majoritairement des civils, selon un bilan établi à partir de données officielles israéliennes. Plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 36 seraient mortes, selon l’armée.
En riposte, Israël a promis d’anéantir le Hamas qui est considéré comme une organisation terroriste par les États-Unis et l’UE.
La branche armée du Hamas a annoncé sur Telegram le décès samedi d’un otage israélien, retenu à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre, et dont elle avait diffusé quelques heures auparavant des images de lui vivant.
Sollicitée, l’armée n’a pas réagi dans l’immédiat.
Malgré la réouverture mercredi du passage de Kerem Shalom, voisin de Rafah — fermé par Israël pendant trois jours après des tirs de roquettes du Hamas –, l’acheminement de l’aide reste « extrêmement difficile », selon l’ONU.
Selon le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien, l’Égypte a refusé de coordonner avec Israël l’entrée de l’aide dans la bande de Gaza à partir du point de passage de Rafah. Elle a « mis en garde Israël contre les répercussions de son contrôle du point de passage de Rafah et l’a tenu pour entièrement responsable de la détérioration de la situation humanitaire dans la bande de Gaza », a ajouté le média égyptien, citant une « source de haut niveau ».