Israël a mené ce lundi 28 octobre des frappes meurtrières au Liban et sur la bande de Gaza, où la guerre se poursuit sur deux fronts contre le Hezbollah et le Hamas, après que le président égyptien a proposé une trêve de deux jours dans le territoire palestinien.
Ni Israël, ni le mouvement islamiste palestinien n’ont commenté cette proposition formulée dimanche par le président Abdel Fattah al-Sissi, mais selon des médias israéliens, le chef du Mossad, David Barnea, est arrivé au Qatar pour des discussions avec le chef de la CIA, Bill Burns, portant sur un cessez-le-feu à Gaza associé à une libération d’otages.
L’Iran, qui soutient le Hezbollah et le Hamas, a haussé le ton lundi contre Israël, qu’il a menacé de conséquences « inimaginables » après les frappes menées samedi contre des cibles militaires en territoire iranien.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a de son côté affirmé que l’Iran cherchait à fabriquer des « stocks » de bombes nucléaires pour détruire Israël.
Dans ce contexte tendu, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir en urgence lundi à 19 h, à la demande de l’Iran, pour discuter de la situation au Moyen-Orient.
Frappes sur Tyr
Au Liban, Israël poursuit sa campagne de frappes aériennes lancée le 23 septembre contre le mouvement islamiste chiite, qui a promis de combattre l’armée israélienne jusqu’à la fin de l’offensive contre le Hamas, son allié, dans la bande de Gaza.
Lundi, l’aviation israélienne a bombardé à plusieurs reprises la ville méditerranéenne de Tyr, dans le sud du Liban, où sept personnes ont été tuées, selon les autorités.
Un photographe a vu des nuages de fumée s’élevant des sites visés, notamment un immeuble du front de mer.
Israël affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans les zones du sud du Liban frontalières de son territoire, afin de permettre le retour dans le nord d’Israël de 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza il y a plus d’un an.
Le 30 septembre, l’armée israélienne a lancé une offensive terrestre dans le sud du Liban, où elle a annoncé avoir perdu 37 soldats dans les combats contre le Hezbollah.
Au moins 1.634 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre au Liban, d’après un décompte basé sur des données officielles et probablement sous-estimé.
Le mouvement islamiste a revendiqué lundi plusieurs attaques à la roquette et à l’artillerie aux abords de la frontière israélienne, ainsi que des tirs de roquettes sur la base navale de Stella Maris, près de Haïfa, le grand port du nord d’Israël.
Selon l’armée israélienne, environ 115 « projectiles » ont été tirés lundi par le Hezbollah vers Israël.
Le Hezbollah a également assuré avoir tendu une « embuscade » à des soldats israéliens près de Kfar Kila, un village frontalier du sud du Liban, suivie d' »affrontements à l’arme automatique et de tirs de roquettes » qui ont fait, selon lui, des « morts et des blessés » dans les rangs israéliens.
« De la nourriture et de l’eau »
Dans la bande de Gaza, l’armée israélienne a annoncé avoir tué « des dizaines de terroristes » dans le camp de réfugiés palestiniens de Jabalia, un secteur du nord du territoire où elle mène depuis le 6 octobre une offensive aérienne et terrestre en affirmant que des combattants du Hamas tentent de s’y regrouper.
« Nos forces se trouvent au centre du camp » et « nous devons le nettoyer », a déclaré un responsable militaire israélien, précisant que cela prendrait « plusieurs semaines ».
La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes enlevées durant l’attaque, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée.
En représailles, Israël a promis d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive dans le territoire palestinien qui a tué au moins 43.020 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU.
La guerre a entraîné le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza, soumis à des pénuries sévères dans le territoire assiégé par Israël.
Walid Abou Shawish, un homme de 40 ans qui a fui le nord pour se réfugier à Khan Younès, dans le sud, a raconté avoir « tout vendu pour acheter une tente » à sa famille de neuf personnes.
« Je n’ai plus de revenus, j’ai tout dépensé pour avoir de la nourriture et de l’eau potable », a-t-il confié.
Sissi, dont le pays est l’un des médiateurs entre le Hamas et Israël, a proposé dimanche « un cessez-le-feu de deux jours durant lequel quatre otages israéliens retenus à Gaza seraient échangés contre des prisonniers » palestiniens détenus par Israël.
Il n’a pas précisé s’il avait présenté son plan au Hamas et à Israël, mais a proposé d’engager ensuite « sous dix jours des négociations » en vue d’un « cessez-le-feu complet et de l’entrée de l’aide humanitaire » dans le territoire.
En Iran, le chef des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, le général Hossein Salami, a menacé Israël de « conséquences amères inimaginables », après les frappes de samedi, menées en riposte à des tirs de missiles iraniens le 1er octobre sur Israël.
Ces tirs visaient, selon Téhéran, à venger les assassinats par Israël du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh.
Israël a affirmé que les frappes sur des cibles militaires iraniennes étaient aussi une riposte aux attaques du Hezbollah et du Hamas.
L’armée iranienne a affirmé que quatre militaires avaient été tués dans cette attaque, la première annoncée publiquement par Israël contre l’Iran. Des médias locaux ont rapporté la mort d’un civil.