L’ATR 42 transportait 54 personnes. Le pays a un piètre bilan en matière de sécurité aérienne.
Des équipes de secours étaient en route lundi dans une région montagneuse isolée d’Indonésie, où des débris d’avion ont été repérés après le crash d’un ATR 42 avec 54 personnes à bord. Il s’agit de la troisième catastrophe aérienne en moins d’un an dans ce pays d’Asie du Sud-Est.
L’appareil de transport régional opéré par la compagnie indonésienne Trigana Air a perdu le contact avec le contrôle aérien dimanche après-midi lors d’un vol d’environ 45 minutes par mauvais temps, entre Jayapura, capitale de la province orientale de Papouasie, et Oksibil, à un peu moins de 300 km au sud. Le bi-turbopropulseur ATR 42 transportait 44 passagers adultes, cinq enfants et les cinq membres d’équipage, ainsi que 6,5 milliards de roupies (420 000 euros) en liquide. Cet argent entreposé dans quatre sacs était des fonds publics convoyés par des responsables de la poste pour être distribués à des familles pauvres de la province, a déclaré Haryono, le chef de la poste de Jayapura, qui n’a qu’un patronyme comme nombre d’Indonésiens.
L’appareil a disparu des écrans radars environ dix minutes avant d’arriver à Oksibil, une région montagneuse très difficile d’accès, peu après avoir demandé la permission d’effectuer la descente en vue de l’atterrissage. Des villageois avaient raconté dimanche à des responsables locaux avoir vu l’appareil de Trigana Air s’écraser contre une montagne et trouvé l’épave.
Lundi, un responsable du ministère indonésien des Transports a indiqué qu’un avion dépêché dans la zone de recherches avait également vu des débris d’avion. «Ce matin de bonne heure, un avion a emprunté la route et repéré des débris près d’Oksibil, mais nous voulons vérifier à nouveau maintenant», a déclaré un porte-parole du ministère des Transports, J.A. Barata. Le chef de l’agence de recherches et de secours, Bambang Soelistyo, a lui déclaré à des journalistes à Jayapura que des débris engloutis par de la fumée avaient été repérés depuis l’espace.
Un autre avion va être dépêché dans la zone où l’appareil s’est abîmé pour vérifier, tandis que des équipes de recherches et des secours se dirigeaient à pied vers le site, dans cette montagne densément boisée, selon l’agence.
Problème météo
L’Indonésie a un piètre bilan en matière de sécurité aérienne. En décembre, un avion de la compagnie AirAsia parti de Surabaya, deuxième ville de l’archipel, à destination de Singapour, s’est abîmé en mer de Java, provoquant la mort de 162 personnes, parmi lesquelles le copilote français. Air Trigana, une petite compagnie fondée en 1991 et desservant une quarantaine de destinations intérieures, figure sur une liste noire l’interdisant de vol dans l’Union européenne. La compagnie a connu 14 incidents depuis son lancement, selon le Réseau de sécurité aérienne, qui répertorie les accidents aériens.
La Papouasie est souvent desservie par de petits appareils et la météo a été à l’origine de plusieurs accidents ces dernières années. Dans la zone où l’avion a disparu, la météo est souvent «très imprévisible», a déclaré le directeur des opérations de Trigana Air, Beni Sumaryanto. «Le temps peut devenir soudain brumeux, sombre et venteux sans que cela soit prévisible. Nous soupçonnons fortement qu’il s’agit d’un problème météorologique. Ce n’est pas un problème de surcapacité, dans la mesure où l’avion ne pouvait transporter que 50 passagers», a-t-il ajouté. Le temps était «très sombre et nuageux» au moment du drame, a renchéri J.A. Barata.
La semaine dernière, un petit avion à hélices s’est écrasé dans le district Yahukimo en Papouasie, tuant une personne et en blessant cinq autres à bord de l’appareil. Début juillet, un avion de l’armée de l’air indonésienne qui transportait des membres de familles de militaires et des civils s’est écrasé sur un quartier de la ville de Medan (ouest), faisant 142 morts, parmi lesquels une vingtaine d’habitants.
AFP