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Inculpé pour «corruption», Netanyahu retire sa demande d’immunité


Benjamin Netanyahu est premier ministre depuis 2009 et a passé près de 14 ans au pouvoir. (Photo AFP)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption dans trois affaires, a sorti mardi un nouveau lapin de son chapeau en annonçant retirer sa demande d’immunité une heure à peine avant un vote du Parlement sur la question.

Benjamin Netanyahu, qui joue sa survie politique lors des élections du 2 mars, a retiré sa demande juste avant une session parlementaire qui devait porter sur sa demande d’immunité, depuis Washington où doit être présenté dans la journée (à 17H00 GMT) le plan de paix américain pour le Moyen-Orient. Le Premier ministre, qui a rencontré lundi « son ami » le président américain Donald Trump, juge « historique » le projet américain, déjà rejeté par les Palestiniens ayant coupé tout contact formel avec l’administration Trump après une série de décisions jugées favorables à l’Etat hébreu. Et ce plan pourrait d’ailleurs être un précieux atout dans sa campagne pour les législatives de mars, d’autant que sa demande d’immunité avait été largement critiquée dans les médias et avait peu de chance d’aboutir car il ne dispose pas de majorité au Parlement, ce qui a d’ailleurs favorisé ce nouveau scrutin.

« J’ai informé le président du Parlement que je retirais ma demande d’immunité. Plus tard, j’anéantirai les allégations ridicules (…) formulées contre moi », a indiqué dans un communiqué le Premier ministre. « Mais pour l’instant, je ne laisserai pas mes adversaires politiques utiliser ceci pour troubler la démarche historique que je mène » à Washington. Le Premier ministre a été inculpé en novembre de corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires. La loi israélienne prévoit que tout ministre poursuivi pénalement doit démissionner, mais cela ne s’applique pas au Premier ministre. S’il peut rester en fonction, Benjamin Netanyahu ne jouit toutefois d’aucune immunité face à la justice, d’où sa demande initiale au Parlement début janvier.

Les troisièmes élections en moins d’un an 

Le Premier ministre misait alors sur sa victoire aux élections de mars pour remporter une majorité et ainsi se protéger de la justice. Mais les partis d’opposition avaient convaincu une majorité de députés d’examiner sa demande d’immunité avant les élections, ce qui posait un problème de taille au Premier ministre qui risquait de perdre ce vote crucial. Le chef du gouvernement, âgé de 70 ans, rejette en bloc les accusations dont il fait l’objet, dénonçant un « coup d’Etat » juridique pour mettre fin à son règne, le plus pérenne de l’histoire d’Israël avec près de 14 ans au pouvoir, dont la dernière décennie sans discontinuer. « Puisque je n’ai pas eu de procès équitable, puisque toutes les règles de la Knesset (parlement israélien) ont été bafouées (…), j’ai décidé de ne pas laisser ce jeu malsain continuer », a argué Benjamin Netanyahu mardi.

Le principal rival de Benjamin Netanyahu en vue des législatives, l’ex-chef de l’armée Benny Gantz, était rentré dans la nuit de Washington, où il a discuté lundi avec Donald Trump de son projet pour le Moyen-Orient, afin justement de participer à la session parlementaire devant décider de créer un comité pour étudier et voter la demande d’immunité. « Les citoyens israéliens ont un choix clair: un Premier ministre qui œuvrera pour eux, ou un Premier ministre occupé avec lui-même », a réagi mardi Benny Gantz. « Personne ne peut diriger un pays et gérer en même temps trois graves accusations de corruption, malversation et abus de confiance », a-t-il ajouté. « L’accusé Netanyahu doit immédiatement quitter l’arène politique, s’occuper de ses problèmes pénaux et nous laisser nous occuper d’Israël », a de son côté affirmé dans un communiqué Nitzan Horowitz, chef du parti de gauche Meretz. Sa demande d’immunité retirée, les procédures judiciaires contre Benjamin Netanyahu pourraient désormais s’accélérer, et un procès débuter avant même les législatives du 2 mars, selon des journalistes israéliens.

AFP/LQ