Deux syndicats de petits producteurs de canards landais ont dénoncé mardi une « situation explosive » en pointant du doigt la gestion de la crise de la grippe aviaire de même que l’industrialisation de la filière, alors que 200 000 canards ont déjà été abattus.
« La situation est explosive », « il y a des foyers de partout », « l’industrialisation de la filière a conduit à un non-sens sanitaire », a affirmé Serge Mora, président du Modef 40 (mouvement de défense des exploitants familiaux) lors d’une conférence de presse à Doazit, dans les Landes, au côté de la Confédération paysanne.
Les producteurs dénoncent également la gestion de la crise pas les autorités et notamment la lenteur entre la déclaration de cas suspects et l’abattage du foyer contaminé. « On ne lutte pas contre une vitesse de virus comme ça en agissant à huit jours de retard. Ce n’est pas possible. Partir à la guerre sans arme, ça fait des dégâts, cela fait des carnages », a poursuivi Maryline Beyris, vice-présidente du Modef 40, qui vient juste de voir partir 600 canards préventivement. Les 300 derniers seront prélevés mercredi.
Aujourd’hui, c’est les canards, demain ce seront les poulets et après-demain les cochons
Alors que les autorités recommandent la claustration des canards pour éviter la propagation du virus et l’abattage préventif, les petits producteurs défendent l’élevage en plein air et l’abattage immédiat des seuls cas malades.
« Pour nous, l’élevage de plein air c’est le bon sens », a expliqué Maryline Beyris. « C’est le claustré qui est à contre-sens (…) la claustration devait être le miracle pour résister à la crise aviaire et on a vu que c’est justement dans ces bâtiments que, quand ça a explosé, c’était terrible », a-t-elle ajouté, « parce que non seulement on a claustré mais on a mis de grandes quantités en claustration. C’est la densité qui a piégé tout le monde ».
« Aujourd’hui, c’est les canards, demain ce seront les poulets et après-demain les cochons. Au moment où tout le monde nous parle de plein air et de respect des animaux », selon Sylvie Colas de la Confédération paysanne.
Plus de 200 000 canards ont déjà été abattus en France pour endiguer la progression de la grippe aviaire dans les élevages et autour de 400 000 sont en passe de l’être, selon le ministère de l’Agriculture. « On va atteindre le million de canards abattus puisque aujourd’hui, plus rien n’arrête le virus (…) et on risque de se diriger vers un abattage généralisé des volailles », a estimé Christophe Mesplède, du Modef 40.
LQ/AFP