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Grèce: tirs de sommation contre un hélicoptère turc en mer Egée


Un patrouilleur des garde-côtes grecs. (Phooto: AFP)

Des soldats grecs ont effectué des tirs de sommation pour éloigner un hélicoptère turc qui survolait dans la nuit de lundi à mardi l’îlot de Ro, à la frontière entre les deux pays en mer Égée.

L’incident, révélé par la radio grecque Skaï, est survenu dans un contexte de crispation entre les deux voisins, alliés au sein de l’Otan, notamment du fait du maintien en détention en Turquie, depuis un mois, de deux soldats grecs entrés selon Athènes par erreur en territoire turc lors d’une patrouille frontalière. « Les tirs de sommation pour éloigner l’hélicoptère ont été ordonnés dans le cadre du renforcement des mesures de surveillance et réaction décidé au vu des tensions avec la Turquie », a affirmé une source de l’état-major grec.

Selon cette source, l’hélicoptère, « apparemment un appareil de la garde-côtière turque » volait à la limite entre les deux zones de contrôle aérien (FIR) grecque et turque quand l’ordre a été donné de l’éloigner « à titre préventif ». Selon les informations radar analysées ultérieurement, l’appareil, qui s’est éloigné après les tirs, n’avait toutefois pas enfreint la FIR grecque, ni violé l’espace aérien du pays, a ajouté cette source.

La Grèce a à plusieurs reprises fait part ces dernières semaines de sa détermination à défendre sa souveraineté en Égée, disputée en plusieurs zones par la Turquie, sur fond d’escalade verbale entre les deux pays ces derniers mois après le refus de la justice grecque d’extrader huit militaires turcs ayant fui en Grèce après le coup d’État manqué en juillet 2016. Athènes et Nicosie ont aussi obtenu de leurs partenaires européens qu’ils condamnent, lors du dernier sommet de l’UE fin mars, « les actions illégales » de la Turquie en mer Égée et en Méditerranée orientale.

«Jeux de pouvoir et chantage»

 Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, a par ailleurs exigé samedi le retour de deux soldats grecs détenus en Turquie. « La vie humaine et la liberté humaine ne sont pas et ne devraient pas servir de pions à des jeux de pouvoir et au chantage », a déclaré Alexis  Tsipras. La détention depuis un mois dans une prison turque de ces deux soldats grecs a tendu encore davantage les relations entre les deux voisins. Selon Athènes, les soldats sont entrés par erreur sur le territoire turc le 2 mars en patrouillant à la frontière gréco-turque à la faveur de mauvaises conditions météo. Selon des médias turcs, les deux soldats seraient accusés « d’entrée illégale dans une zone interdite » ainsi que « d’espionnage ».

La Turquie souhaite pour sa part l’extradition de huit militaires turcs ayant fui en Grèce après le coup d’Etat manqué en juillet 2016. Athènes refuse de lier cette affaire avec celle des soldats grecs.

La Grèce et la Turquie avaient frôlé en 1996 une confrontation militaire autour de l’îlot d’Imia (Kardak en turc), dont elles se disputent la souveraineté dans le sud-est de l’Égée. Cet accès de tension avait débouché sur l’engagement d’un processus de normalisation des relations bilatérales, dont Athènes affirme vouloir la poursuite malgré les accrocs récents.

Le Quotidien/AFP