A trois mois du référendum sur l’UE, le gouvernement conservateur britannique était de nouveau en pleine crise de nerfs lundi après la démission surprise du ministre du Travail, contraignant David Cameron à tenter d’éteindre l’incendie devant le Parlement.
Invité par la Chambre des Communes à s’exprimer à 15h30 GMT sur l’accord signé entre l’UE et la Turquie sur les migrants, le Premier ministre doit en profiter pour essayer de juguler ce que le Daily Telegraph, proche du pouvoir, a qualifié de « pire crise pour le parti conservateur depuis des décennies ».
Les Tories étaient déjà profondément divisés sur l’Europe, à l’approche d’un référendum à hauts risques sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. Et voilà qu’éclatent aussi au grand jour ses divergences sur la politique d’austérité menée depuis six ans par David Cameron et son plus proche allié, le ministre des Finances George Osborne. Considéré comme favori à la succession de David Cameron avec l’eurosceptique maire de Londres Boris Johnson, le Chancelier de l’Échiquier est au cœur de la tourmente après avoir présenté mercredi un budget comprenant de nouvelles coupes budgétaires.
Les plus pauvres lésés
En démissionnant vendredi soir, l’eurosceptique ministre du Travail Iain Duncan Smith, en poste depuis 2010, a expressément mis l’accent sur le caractère « profondément injuste » des coupes affectant les prestations d’invalidité. Dimanche, il a élargi ses critiques sur les plateaux TV en accusant la politique d’austérité de frapper en priorité les plus pauvres et de ménager les plus aisés. David Cameron s’est aussitôt dit « perplexe et déçu ». Selon le Times, le Premier ministre reproche toutefois à George Osborne d’avoir « mis le bazar » après pourtant lui avoir demandé d’éviter toute controverse en amont du référendum sur l’UE. Downing Street a vigoureusement démenti tout nuage entre les deux hommes, assurant qu’ils étaient « plus proches que jamais ».
Lundi, David Cameron a assuré de nouveau George Osborne de sa « pleine confiance », selon un porte-parole. Reste que depuis la démission d’Iain Duncan Smith, les Tories se déchirent de plus belle avec, en toile de fond, le référendum du 23 juin sur l’UE, qui exacerbe les tensions. La première conséquence de la fronde se traduit par le retrait pur et simple du projet de baisser les prestations d’invalidité.