Un mois après le crash de l’A320 de Germanwings dans les Alpes-de-Haute-Provence, l’identification des corps des 150 victimes se poursuit grâce aux traces ADN relevées sur le site où un lieu de mémoire pourrait être créé dans les prochains mois.
La catastrophe survenue le 24 mars et due selon l’enquête à un geste volontaire du copilote Andreas Lubitz, 27 ans, qui a précipité au sol l’appareil reliant Barcelone à Düsseldorf, a suscité une énorme vague d’émotion, notamment en Allemagne et en Espagne. Soixante-douze passagers étaient allemands, 47 espagnols.
Sur les lieux du crash, au milieu des débris éparpillés sur un hectare et demi, en moyenne montagne, les enquêteurs ont réussi à retrouver les deux boîtes noires de l’appareil ainsi que les restes des 150 victimes. Et depuis début avril et l’isolement de 150 profils ADN distincts, un long travail d’identification est en cours, grâce à la comparaison de ces profils avec l’ADN ante mortem des victimes, fourni par leurs proches.
«On n’a pas encore procédé à la totalité des identifications», a confié mercredi le procureur de la République de Marseille Brice Robin, chargé de l’enquête. «Une fois que ce sera fait, il y aura la réunion d’une commission que je présiderai, qui validera tout le travail effectué et qui permettra de délivrer les certificats de décès», a-t-il poursuivi. C’est seulement après cette étape que les restes des victimes pourront être rendus à leurs proches.
Ces derniers ont pu se recueillir à proximité des lieux de la catastrophe. En Allemagne l’émotion est encore très vive un mois après. «Nous sommes toujours sous le coup du choc inouï qui nous a tous atteints le 24 mars», a reconnu vendredi le président Joachim Gauck, face à quelque 1400 personnes, dont la chancelière Angela Merkel et les PDG des compagnies Lufthansa et Germanwings, réunis pour une cérémonie oecuménique en la cathédrale de Cologne.
«Grand parc mémoriel»
Dans toute l’Allemagne comme ailleurs dans le monde, à la douleur s’est ajoutée l’incompréhension après les révélations de la justice sur le copilote Andreas Lubitz. L’enquête en France et en Allemagne a mis en lumière l’intention «volontaire» du jeune homme de précipiter l’avion au sol, comme l’avait annoncé M. Robin deux jours seulement après le drame. Andreas Lubitz avait informé en 2009 la Lufthansa, maison mère de Germanwings, d’«un épisode dépressif sévère» qu’il avait traversé.
A proximité des lieux du crash, dans les petits villages du Vernet et de Seyne-les-Alpes, les habitants ont accueilli pendant des semaines proches des victimes, enquêteurs et journalistes. «Il n’y a plus de journalistes maintenant mais il reste du personnel de Lufthansa qui a un bureau sur place, ils ont commencé les études pour la dépollution du site», résume le maire du Vernet François Balique.
La fin du ramassage des débris de l’appareil, de quelques centimètres à plusieurs mètres carrés, annoncée le 20 avril, doit être suivie d’une phase d’études pour déterminer la meilleure solution pour dépolluer le site et le rendre à la nature, avait expliqué le 15 avril Carsten Hernig, en charge de ces opérations à la Lufthansa.
La compagnie allemande a notamment estimé à 4 tonnes la volume de kérosène à bord de l’avion au moment du crash. «Il y a des techniques pour nettoyer la terre, la flore ou l’eau, mais il nous faut des informations pour prendre les bonnes mesures», avait assuré Carsten Hernig.
«Je suis convaincu que la site sera rouvert au 1er septembre au maximum», veut croire de son côté le maire du Vernet. «On va sans doute y faire un grand parc mémoriel, un lieu propice au recueillement», souligne-t-il. «Pour nous non plus, ce n’est toujours pas évident à vivre. On a fait du mieux qu’on a pu… Maintenant, on essaie de retrouver une vie normale mais c’est un peu comme un deuil pour nous aussi», souffle le maire du Vernet.
AFP