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Gaza : Israël se prépare pour une offensive terrestre, les Palestiniens évacuent le nord


Plus de 423 000 Gazaouis ont quitté leur foyer depuis le début des frappes, et 5 540 maisons ont été détruites, selon l'ONU. (Photo : AFP)

Israël poursuit dimanche ses préparatifs en vue d’une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza, pilonnée sans relâche, au neuvième jour de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le mouvement islamiste Hamas sur son sol.

Israël a pressé les habitants du nord du territoire palestinien, environ 1,1 million de personnes sur un total de 2,4 millions de Gazaouis, de « ne pas tarder » à évacuer vers le sud, où ils continuent d’affluer par dizaines de milliers.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui s’est engagé à anéantir le Hamas, a réaffirmé sa détermination samedi, auprès des troupes israéliennes déployées près de la bande de Gaza. « Vous êtes prêts pour ce qui vient ? Ça va continuer », a-t-il lancé.

Plus de 1 300 personnes ont été tuées lors de l’attaque du 7 octobre par les commandos du Hamas, surtout des civils, dont des enfants, et au moins 120 personnes prises en otage, selon des responsables israéliens. Des centaines de personnes restent portées disparues, et des corps sont toujours en cours d’identification.

La riposte israélienne a tué plus de 2 300 personnes, dont plus de 700 enfants, dans la bande de Gaza, un territoire pauvre contrôlé par l’organisation islamiste. Elle a fait plus de 9 042 blessés, selon les autorités locales.

L’armée israélienne a annoncé samedi soir avoir retrouvé lors d’incursions dans le territoire « des cadavres » d’otages enlevés par le Hamas, sans plus de précisions. Le Hamas avait fait état plus tôt de 22 otages tués dans les frappes israéliennes.

Israël a précisé cibler la ville de Gaza, au nord, afin d’y détruire le centre des opérations du mouvement islamiste palestinien, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.

Mais l’évacuation massive, et la perspective d’une offensive terrestre dans un territoire surpeuplé, désormais placé sous un strict siège, suscitent critiques et inquiétudes au sein de la communauté internationale.

Samedi soir, le président américain Joe Biden a souligné à Netanyahu œuvrer avec l’ONU et des pays du Moyen-Orient « pour veiller à ce que les civils innocents aient accès à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux ».

Il a également assuré le président palestinien Mahmoud Abbas de son « soutien total » dans ses efforts pour apporter de l’aide humanitaire aux Palestiniens, « en particulier à Gaza », où les habitants sont privés d’approvisionnement en eau, électricité ou nourriture.

Plus tôt, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait réclamé un accès humanitaire « immédiat » à Gaza, soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans.

Et dans la nuit de samedi à dimanche, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a prévenu que l’évacuation forcée de plus de 2 000 patients d’hôpitaux du nord vers les établissements débordés du sud pourrait être « l’équivalent d’une peine de mort ».

« Crimes de guerre »

Redoutant un embrasement régional, les États-Unis ont annoncé samedi l’envoi d’un second porte-avions en Méditerranée orientale « pour dissuader les actions hostiles contre Israël », selon le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a pour sa part accusé samedi Israël de « crimes de guerre » à Gaza, et dit refuser le « déplacement » des Palestiniens. Le mouvement palestinien est de son côté régulièrement accusé par Israël d’utiliser les civils comme boucliers humains.

Israël a annoncé la mort de deux chefs militaires du Hamas, des meneurs, selon l’armée de l’attaque du 7 octobre.

L’Arabie saoudite a pour sa part suspendu les discussions sur une éventuelle normalisation avec Israël, et appelé samedi à un « cessez-le-feu immédiat ».

Son prince héritier Mohammed ben Salmane, dirigeant de facto du royaume, a reçu dimanche matin le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, en tournée dans la région.

Blinken avait appelé samedi la Chine, partenaire de l’Iran, qui soutient le Hamas, à user de son influence pour apaiser la situation au Moyen-Orient.

Dans des propos diffusés dimanche, le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi a jugé que « l’action d’Israël est allée au-delà du domaine de l’auto-défense » et que ses dirigeants doivent cesser de « punir collectivement la population de Gaza ».

Dans son appel téléphonique avec Biden, Abbas, a pour sa part plaidé pour « l’ouverture de corridors humanitaires dans la bande de Gaza », selon l’agence de presse palestinienne Wafa.

Le président brésilien Lula et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sisi se sont eux accordés sur la nécessité d’autoriser l’entrée d’aide humanitaire d’urgence à Gaza, selon un communiqué de la présidence brésilienne.

L’Égypte contrôle la seule ouverture de Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien, le point de passage de Rafah, actuellement fermé.

L’aide humanitaire arrivée de plusieurs capitales s’empile dimanche dans le Sinaï égyptien, frontalier de Gaza bombardée et assiégée par Israël, sans toutefois rejoindre l’enclave palestinienne, rapportent des témoins.

La tension est vive aussi à la frontière nord d’Israël, où l’armée israélienne a annoncé samedi avoir tué « plusieurs terroristes » qui tentaient de s’infiltrer. Le Hamas a confirmé dimanche la mort de trois combattants infiltrés depuis le Liban après avoir « fait sauter la clôture frontalière ».

« Erreurs »

Selon l’ONG Reporters sans frontières (RSF), 10 journalistes ont été tués dans la région en cette « semaine sanglante » pour la profession, dont sept à Gaza et au Liban.

Un journaliste vidéo de l’agence Reuters a été tué et six autres journalistes de l’AFP, Reuters et Al-Jazeera blessés vendredi dans des bombardements dans le sud du Liban.

L’armée israélienne a déploré ce décès et indiqué « enquêter », sans reconnaître explicitement une responsabilité. L’armée libanaise l’a accusée d’être responsable du tir.

Israël a indiqué en outre avoir frappé samedi soir à l’artillerie la Syrie après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan annexé par Israël en 1967. Une ONG a également annoncé qu’une « frappe israélienne » avait touché l’aéroport d’Alep (nord), faisant cinq blessés.

Le 7 octobre à l’aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules et par les airs depuis Gaza.

Ils ont tué plus d’un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes lors de cette attaque d’une ampleur inédite depuis la création d’Israël en 1948. Environ 270 personnes, d’après les autorités, ont été abattues ou brûlées dans leur voiture dans un festival de musique.

Le conseiller à la sécurité nationale du gouvernement israélien a reconnu samedi des « erreurs » des services de renseignement en amont des attaques.

Des familles des otages ont réclamé samedi soir un accord entre le Hamas et la Croix-Rouge pour acheminer en urgence les médicaments dont leurs proches ont besoin.

« Désastre »

Dans le sud de Gaza, les déplacés tentent de trouver abri, nourriture et eau. À Rafah, des dizaines de familles ont investi une école des Nations unies, entassant linge, matelas et paquets dans les classes et la cour de recréation, a constaté un journaliste.

Plus au nord, c’est dans la cour de l’hôpital Nasser, à Khan Younès que se pressent des milliers de déplacés. « C’est un désastre, il n’y a rien à manger, nous ne savons pas où dormir, nous ne savons pas quoi faire et où aller », se lamente Juma Nasser, un quadragénaire.

Plus de 423 000 Gazaouis ont quitté leur foyer depuis le début des frappes, et 5 540 maisons ont été détruites, selon l’ONU.

Des Palestiniens tentant de fuir vers le sud du territoire à travers une zone que l’armée israélienne avait présentée comme sécurisée ont été tués dans des frappes israéliennes, ont affirmé samedi des témoins et des responsables du Hamas.

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