Donald Trump se rend en fin de semaine à un sommet du G20 en Allemagne sous haute tension du fait des choix politiques controversés de Washington et des manifestants qui promettent «l’enfer» autour du lieu de réunion.
Le tir d’un missile intercontinental par la Corée du Nord, capable selon des experts américains d’atteindre l’Alaska, et les tensions américano-chinoises qui en découlent, viennent s’ajouter à une longue liste de sujets conflictuels. Elle porte principalement sur les divergences autour du climat et du commerce entre le nouveau président américain et la plupart des autres dirigeants des pays les plus industrialisés et émergents réunis vendredi et samedi à Hambourg.
«J’espère que nous allons pouvoir surmonter un certain nombre de falaises, même si je ne sais pas à quoi ressemblera le résultat final», a souligné mercredi la chancelière allemande, Angela Merkel, après une entrevue avec le président chinois, Xi Jinping, venu à Berlin célébrer notamment le prêt de deux pandas au zoo de la ville et superviser un contrat de vente d’Airbus pour 22,8 milliards de dollars (20,11 milliards d’euros). Les cartes au plan mondial ont été rebattues depuis l’accession au pouvoir de Donald Trump.
Contre-courant
Les États-Unis s’érigent à contre-courant des autres grands pays en remettant en cause les accords de Paris pour lutter contre le réchauffement climatique ou en menaçant de mesures protectionnistes. Ils affichent aussi une position très ferme sur les questions migratoires. La présidence allemande avait fait du climat sa priorité avec l’adoption prévue d’un «plan d’action» mettant en œuvre concrètement au niveau du G20 l’accord de Paris. Il risque désormais de passer à la trappe.
«L’administration américaine et avec elle M. Trump ont une conception de la mondialisation différente de la nôtre en Allemagne» car les États-Unis la voient «comme un processus avec des vainqueurs et des perdants», a regretté Angela Merkel dans une interview à paraître jeudi dans l’hebdomadaire Die Zeit. Sur le commerce, les États-Unis ont brandi des menaces de sanctions douanières contre la Chine, dans l’acier, et l’Allemagne, dans l’automobile.
Au-delà de ces sujets traditionnels du G20, les travaux du sommet – sans le roi d’Arabie Saoudite qui a annulé sa venue – risquent d’être alourdis par une multitude de crises. A commencer par celle autour du programme nucléaire nord-coréen, qui a pris une toute autre ampleur suite au tir de missile intercontinental. Cela «constitue une nouvelle escalade de la menace (nord-coréenne) envers les États-Unis, nos alliés et partenaires, la région et le monde», a estimé le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson.
Un mini-sommet entre les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud est prévu jeudi à Hambourg, à la veille du G20. Donald Trump et Xi Jinping seront assis à la même table lors du G20 alors que Washington reproche à Pékin de ne pas faire assez pression sur Pyongyang et que la Chine demande en retour aux États-Unis de cesser leurs exercices militaires en Corée du Sud.
Trump-Poutine
Le G20 sera aussi marqué par la toute première rencontre vendredi entre Donald Trump et Vladimir Poutine. Washington dit vouloir une relation plus «constructive» avec Moscou. Mais les relations sont au plus bas depuis le renforcement de sanctions contre Moscou pour son rôle dans la crise ukrainienne et son soutien au régime syrien. L’entrevue se déroulera en outre sur fond d’enquête aux États-Unis sur l’influence russe dans l’entourage de Donald Trump.
Voilà pour ce qui se passera à l’intérieur de la zone sécurisée de cet important port du nord de l’Allemagne. A l’extérieur, des milliers de manifestants promettent «l’enfer» selon leur slogan. Les organisateurs attendent au total sur plusieurs jours plus de 100 000 protestataires, tandis que la police estime à entre 7 000 et 8 000 le nombre d’extrémistes de gauche pouvant être violents, y compris venant de l’étranger.
Des échauffourées ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, faisant un blessé léger. Car Hambourg est un berceau contestataire historique. La police, qui a mobilisé plus de 20 000 agents, redoute en particulier une manifestation jeudi dont le mot d’ordre est «Welcome to hell» («Bienvenue en enfer»).
Le Quotidien/AFP