Un adolescent a ouvert le feu jeudi dans son lycée de Grasse (sud-est de la France) avant d’être interpellé quelques instants après cette fusillade, qui a fait au total huit blessés légers dont le proviseur de l’établissement. Le suspect est décrit comme fragile, inspiré par les tueries de masse.
Cette fusillade survenue à la mi-journée est « visiblement l’acte fou d’un jeune homme fragile et fasciné par les armes », a déclaré la ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, sur place à Grasse. Le suspect a été interpellé peu après en possession de plusieurs armes, dont un fusil de chasse, des armes de poing et des grenades, selon des sources policières. « Nous sommes passés à côté du pire », a estimé la ministre.
Ses motivations « paraissent liées aux mauvaises relations qu’il entretiendrait avec d’autres élèves de ce lycée », a déclaré vendredi la procureure de Grasse, Fabienne Atzori, lors d’une conférence de presse. « Il semblerait qu’il ait quelques difficultés (…) à s’intégrer », a-t-elle ajouté. « Aucun élément, aucun lien ne peut être envisagé avec une entreprise terroriste. »
Le jeune homme, scolarisé en première et qui aura 17 ans à la fin de l’année, a été placé en garde à vue pour « tentative d’assassinats ». Il « s’est laissé interpellé de manière extrêmement docile » à 13h05, a précisé la magistrate. Selon le représentant de la police présent à la conférence de presse, un engin explosif artisanal a été trouvé dans le sac à dos de l’adolescent, dont les parents sont entendus par les enquêteurs. Les policiers du Raid ont également inspecté chacune des pièces de l’établissement pour vérifier qu’il n’y avait pas d’autre homme armé
« Un élève du Lycée Alexis de Tocqueville à Grasse est entré dans l’établissement aux alentours de 12h30, il était armé avec un fusil de chasse. Le bilan provisoire fait état de quatre blessés par plombs (urgences relatives) tous hospitalisés et de quatre autres victimes évacuées (choquées ou blessées par bousculade) », avait précisé plus tôt la préfecture des Alpes-Maritimes.
Le suspect, « a priori inconnu des services de police » semble avoir agi seul. Outre les armes en possession du lycéen, un « engin artisanal » a été désamorcé dans l’établissement. Le confinement de tous les établissements scolaires du département, déclenché peu après la fusillade, avait été levé dans l’après-midi, mais l’accès au lycée Tocqueville, un grand bâtiment moderne situé dans la périphérie de la ville, était complètement verrouillé en milieu d’après-midi. Un hélicoptère survolait régulièrement la zone.
Des photos de la tuerie de Columbine
Mokhtaria, 15 ans, élève en seconde générale, fumait avec des amis dans le garage à motos du lycée lorsque les tirs ont retenti : « On a entendu des coups de feu à 12h45. » Sa copine Audrey poursuit : « On a été sauvées par la clope ! » Mokhtaria reprend : « On a vu plein de gens descendre en criant : Y a un taré qui tire sur les gens ! On est parties en courant. »
« Certains élèves sont partis et ont essayé de se réfugier au magasin Leclerc voisin, ce qui a créé un mouvement de panique et une rumeur d’attentat », a rapporté la mairie de Grasse. « Il a été demandé aux autres élèves de rester dans le lycée et de ne pas céder à la panique. » La fusillade a entraîné le déclenchement de l’alerte attentat de l’application officielle pour smartphones SAIP, levée dans l’après-midi.
La piste terroriste a rapidement été écartée par les autorités. « On est plutôt sur quelqu’un qui semble avoir des problèmes psychologiques », avait expliqué le président (LR) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur Christian Estrosi. Sur des comptes Facebook, Twitter et Youtube correspondant au nom du principal suspect, un certain Killian, on trouvait plusieurs photos et vidéos de tuerie comme celle de Columbine aux États-Unis -une fusillade perpétrée dans un lycée du Colorado qui avait fait 13 morts en 1999-, ou encore une vidéo d’une personne portant un masque de clown et brandissant un pistolet.
Le Quotidien/AFP