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Fuite de Ghosn : deux Américains extradés sont arrivés au Japon


Michael Taylor et son fils Peter avaient été arrêtés en mai 2020 près de Boston. (Photo : AFP)

Deux Américains accusés d’avoir aidé l’ancien patron de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, à s’enfuir de Tokyo vers le Liban dans des conditions rocambolesques en décembre 2019 ont atterri mardi au Japon, après leur extradition des États-Unis, selon des médias nippons.

Michael Taylor, un ancien membre des forces spéciales américaines reconverti dans la sécurité privée, et son fils Peter avaient été remis la veille à des procureurs japonais venus les chercher aux États-Unis.

L’avion de ligne de la compagnie Japan Airlines dans lequel ils sont partis lundi de Boston (nord-est des États-Unis) s’est posé mardi à l’aéroport international de Narita, près de Tokyo, peu après 16 h (8 h au Luxembourg).

Après un test PCR à leur arrivée, les Taylor devaient être conduits au centre de détention de Kosuge, à Tokyo, la même prison où avait été détenu Carlos Ghosn pendant 130 jours entre novembre 2018 et avril 2019, selon les médias locaux.

Leur avocat américain Paul Kelly avait parlé lundi d' »un triste jour pour la famille et pour tous ceux qui croient que les vétérans méritent d’être mieux traités par leur propre pays ».

Leur arrivée au Japon n’était pas encore confirmée par les autorités nippones, qui recherchent toujours un troisième complice présumé d’origine libanaise, George-Antoine Zayek.

Les Taylor avaient été arrêtés en mai 2020 près de Boston par la justice américaine en vertu d’un mandat d’arrêt japonais à leur encontre. Ils étaient ensuite restés détenus car considérés comme présentant un « grand risque de fuite ».

Les deux hommes s’étaient battus jusqu’au bout contre leur extradition, multipliant les recours juridiques jusqu’à la Cour suprême des États-Unis, en vain.

Ils avaient notamment argué via leurs avocats qu’ils redoutaient d’être soumis à des conditions proches de la torture s’ils étaient livrés aux autorités japonaises.

 

Fuite « effrontée »

Au matin du 31 décembre 2019, le Japon découvrait avec stupeur la fuite au Liban de son plus célèbre inculpé, Carlos Ghosn.

Deux jours plus tôt, alors qu’il était en liberté sous caution dans l’attente d’un procès pour malversations financières présumées chez Nissan, le Franco-libano-brésilien avait tranquillement quitté Tokyo pour rejoindre Osaka (ouest du pays) en train avec deux complices.

Il est soupçonné d’avoir échappé aux contrôles à l’aéroport international du Kansai, près d’Osaka, en étant caché dans un gros caisson de matériel audio embarqué à bord d’un jet privé. Le contrôle des bagages n’était à l’époque pas obligatoire au Japon pour ce type d’appareil.

Carlos Ghosn était arrivé à Beyrouth le 30 décembre après une correspondance à Istanbul.

Un document des procureurs américains évoque « une des fuites les plus effrontées et les mieux orchestrées de l’histoire récente ».

Le magnat déchu de l’automobile, qui fait l’objet d’une demande d’arrestation d’Interpol, reste hors d’atteinte de la justice japonaise car le Liban n’extrade pas ses ressortissants. La justice libanaise lui a toutefois interdit de quitter le pays.

Sollicité mardi, son entourage n’a pas souhaité commenter l’extradition au Japon des Taylor père et fils.

Condamnations en Turquie

« Je n’ai pas fui la justice, j’ai échappé à l’injustice » avait martelé Carlos Ghosn début janvier 2020 lors d’une conférence-spectacle à Beyrouth devant les caméras du monde entier.

Interpellé en novembre 2018 à la descente de son jet au Japon, l’homme d’affaires autrefois adulé par les Japonais pour le redressement de Nissan avait été libéré sous caution en avril 2019.

« L’affaire Ghosn » a de nombreuses ramifications au Japon et à l’étranger.

Malgré l’absence du principal accusé, un procès pénal s’est ouvert mi-septembre à Tokyo pour juger l’ancien responsable juridique de Nissan, l’Américain Greg Kelly, qui avait été arrêté au Japon le même jour que son grand patron et qui clame comme lui son innocence.

Carlos Ghosn est aussi concerné par plusieurs enquêtes judiciaires en France, portant notamment sur des soupçons d’abus de biens sociaux chez Renault et la filiale néerlandaise de Renault-Nissan, RNBV.

À Istanbul, trois ressortissants turcs – un haut responsable de la compagnie d’aviation privée MNG Jet et deux pilotes – ont été condamnés la semaine dernière à quatre ans et deux mois de prison pour leur rôle dans l’exfiltration de l’homme d’affaires. Deux autres pilotes et deux hôtesses de l’air, jugés en même temps, ont été relaxés.

AFP/LQ