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Friedrich Merz, l’ennemi de l’intérieur qui menace Angela Merkel


Angela Merkel, qui n'était alors pas encore chancelière, l'avait poussé vers la sortie en 2002 en l'évinçant du très influent poste de chef du groupe parlementaire conservateur. (photos AFP)

Friedrich Merz, vieil adversaire d’Angela Merkel, paraît bien placé pour lui succéder à la tête du parti conservateur allemand CDU, ce qui pourrait la contraindre à quitter le pouvoir plus tôt que prévu.

Inconnu en dehors de l’Allemagne, ce tenant d’un retour à une ligne conservatrice traditionnelle, après les années de centrisme de la chancelière, a effectué cette semaine un retour tonitruant sur le devant de la scène politique qu’il avait abandonnée il y a près de dix ans. A 62 ans, l’ancien patron du groupe parlementaire conservateur au début des années 2000 a officialisé sa candidature surprise à la tête de l’Union chrétienne-démocrate (CDU).

Une « vengeance »

Reconverti dans la finance depuis près de dix ans, il a affirmé avoir pris cette décision après « mûre réflexion ». Elle est intervenue en fait à peine 24 heures après l’annonce du prochain retrait de la dirigeante conservatrice et courait avant même que Merkel ne se présente devant les caméras et les micros lundi. « Un acte de vengeance », analyse par conséquent Der Spiegel. Angela Merkel, qui n’était alors pas encore chancelière, l’avait poussé vers la sortie en 2002 en l’évinçant du très influent poste de chef du groupe parlementaire. L’ambitieux cadre conservateur ne lui a jamais pardonné, et en 2009, face à une chancelière fermement installée au pouvoir, il s’était complètement retiré de la vie politique.

Le bon vieux temps...

Le bon vieux temps…

Friedrich Merz n’a exprimé aucune critique directe à l’endroit de sa rivale, mais il a justifié sa candidature par la nécessité « d’un nouveau départ et d’un renouveau » au sein de son parti. Le successeur d’Angela Merkel à la tête du parti chrétien-démocrate sera désigné les 7 et 8 décembre en congrès. Deux autres candidats sont en lice : l’actuelle secrétaire générale du parti et « protégée » de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer, et le ministre de la Santé et adversaire de Merkel, Jens Spahn.

Le dirigeant de la puissante région de Rhénanie du Nord-Westphalie, Amin Laschet, pourrait lui aussi entrer dans la compétition. Ce « come-back » inattendu n’est pas pour déplaire aux Allemands : selon plusieurs sondages, il a actuellement les faveurs du public face à ses rivaux. Réserve de taille : le nouveau président de la CDU ne sera pas désigné par les électeurs mais par un millier de délégués du mouvement.

« Contre-modèle » de Merkel

S’il accède au poste suprême, marche-pied vers la chancellerie, Friedrich Merz mettra sans nul doute le cap à droite, au risque de rendre la cohabitation avec Angela Merkel difficilement gérable. Pourrait-elle dans ses conditions tenir comme elle l’entend jusqu’à la fin de son mandat dans trois ans ? « Avec ses positions libérales en matière économique et conservatrices en matière sociétale, Merz serait le contre-modèle clair de Merkel », prédit le politologue berlinois Oskar Niedermayer dans le Rhein-Neckar Zeitung.

Friedrich Merz a toujours refusé depuis son retrait de s’exprimer sur les questions politiques brûlantes, notamment sur la décision contestée de sa rivale d’ouvrir les portes de son pays à plus d’un million de réfugiés en 2015 et 2016. Sur le plan économique, ses positions sont très libérales, ce qui pourrait faciliter un éventuel rapprochement avec le petit parti libéral FDP. Au début des années 2000, il affirmait vouloir une déclaration d’impôt qui « tienne sur un sous-bock ».

Avocat d’affaires, il dirige aussi l’organe de contrôle de la filiale allemande de BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde. Cette entreprise américaine détient notamment des parts dans plusieurs des mastodontes économiques allemands, comme Allianz ou Bayer. La presse le présente du coup comme millionnaire.

LQ/AFP