Des bombardements aériens et des tirs d’artillerie ont visé lundi la bande de Gaza, où l’armée israélienne poursuit son offensive contre le Hamas après des frappes meurtrières ces derniers jours sur un camp de déplacés et une école abritant des civils.
Le mouvement islamiste, dénonçant des « massacres » commis par Israël « contre des civils non armés » dans le territoire palestinien assiégé, a annoncé dimanche son retrait des négociations indirectes sur un cessez-le-feu menées par les pays médiateurs.
Lundi, des témoins et des secouristes ont signalé des tirs d’artillerie dans plusieurs quartiers de la ville de Gaza, dans le nord du territoire.
Une frappe sur le camp d’Al-Maghazi, dans le centre de la bande de Gaza, a fait cinq morts parmi lesquels trois enfants, selon le Croissant-Rouge palestinien, tandis que des tirs d’artillerie, selon des témoins, ont visé les environs du camp de Nousseirat, dans le même secteur.
Dimanche, 22 personnes ont été tuées à Nousseirat, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas, dans le bombardement d’une école de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, qui abritait « des milliers de déplacés » selon la Défense civile. L’armée a affirmé avoir « frappé des terroristes ».
Il s’agit de la cinquième école bombardée en huit jours dans la bande de Gaza. Dans le sud, des tirs d’hélicoptères ont visé lundi les environs de Khan Younès et de Rafah, selon des témoins.
L’armée a annoncé avoir, la veille, « éliminé une cellule terroriste armée de lance-roquettes, lors de combats rapprochés » dans le secteur de Rafah. « De nombreux terroristes » ont également été « éliminés » dans le centre de la bande de Gaza, a ajouté l’armée.
Les troupes au sol sont appuyées par les forces navales israéliennes en Méditerranée qui « continuent à viser des cibles terroristes », a indiqué l’armée.
Samedi, selon le Hamas, des frappes israéliennes ont tué 92 Palestiniens dans le camp d’Al-Mawasi, près de Khan Younès, un secteur déclaré il y a plusieurs mois « zone humanitaire » par Israël, où les civils déplacés avaient été invités à se regrouper.
Israël a indiqué avoir visé Mohammed Deif, le chef militaire du Hamas, et Rafa Salama, commandant à Khan Younès du mouvement islamiste, présentés comme « deux cerveaux du massacre du 7 octobre » en Israël, qui a déclenché la guerre.
Mohammed Deif est sain et sauf, a affirmé dimanche un responsable du Hamas, sans lever complètement les doutes sur son sort. L’armée a annoncé que Rafa Salama avait été tué dans cette frappe, mais n’a pas donné d’informations concernant Mohammed Deif.
« Effroyable massacre »
Après la frappe sur Al-Mawasi, un responsable de l’Unrwa a raconté avoir assisté, à l’hôpital Nasser de Khan Younès, à « certaines des scènes les plus horribles » depuis le début de la guerre.
« J’ai vu des bambins doublement amputés, des enfants paralysés et dans l’impossibilité de recevoir un traitement », a décrit Scott Anderson, coordinateur humanitaire adjoint et directeur des affaires de l’Unrwa à Gaza.
Le Hamas a dénoncé un « effroyable massacre ».
L’armée a affirmé de son côté que « la frappe avait été menée dans une zone clôturée gérée par le Hamas » et que « la plupart des victimes étaient des terroristes ».
La guerre a été déclenchée par l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l’armée.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza, et lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 38.664 morts, en majorité des civils, dont au moins 80 en 24 heures, d’après des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Coup dur pour les négociations
Après des mois de négociations restées vaines, le retrait du Hamas porte un coup dur aux efforts des médiateurs, Qatar, États-Unis et Égypte, pour avancer vers une trêve associée à un échange de prisonniers palestiniens contre des otages retenus à Gaza.
Le mouvement islamiste s’est toutefois dit prêt « à reprendre les négociations » quand Israël « fera preuve de sérieux ».
Le marathon diplomatique venait d’être relancé après une concession du Hamas, qui avait accepté de négocier sur la libération d’otages en l’absence d’un cessez-le-feu permanent avec Israël.
Mais samedi, le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a accusé Benjamin Netanyahu de chercher à bloquer un cessez-le-feu par des « massacres odieux ».
Benjamin Netanyahu a toujours affirmé vouloir poursuivre la guerre jusqu’à la destruction du Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, et la libération de tous les otages.