Accueil | Monde | François Hollande réussit un « coup » en rencontrant Fidel Castro

François Hollande réussit un « coup » en rencontrant Fidel Castro


"J'avais devant moi un homme qui a fait l'histoire. Il y a forcément débat sur ce qui a pu être sa place, ses responsabilités, mais venant à Cuba je voulais rencontrer Fidel Castro", a ensuite expliqué M. Hollande (photo AFP).

Le président français François Hollande a réussi un coup d’éclat en obtenant lundi un entretien de près d’une heure avec Fidel Castro, le père de la Révolution cubaine qui à 88 ans est rarement vu en public, à l’occasion d’une visite sans précédent à Cuba.

M. Hollande, qui a profité de cette visite pour défendre les intérêts de la France et de l’UE en plein processus de rapprochement entre Washington et La Havane, s’est aussi longuement entretenu avec Raul Castro, frère de Fidel et président cubain en exercice. Le dirigeant français a souligné que son déplacement s’inscrivait « dans un contexte particulièrement important mais encore incertain » pour Cuba, dans la foulée du dégel avec les Etats-Unis annoncé en décembre.

Premier chef d’Etat occidental à se rendre à Cuba depuis ce dégel, M. Hollande a tenu à donner des gages de solidarité aux autorités cubaines, tout en insistant sur les liens qui unissent Paris et La Havane. Il a notamment plaidé pour la fin de l’embargo économique américain, qui selon lui « a tant nui » au développement de l’île communiste depuis 1962. La levée de cette mesure inscrite dans la loi dépend du Congrès américain.

En fin de journée, M. Hollande a révélé avoir rencontré Fidel Castro, privilège rare pour un chef d’Etat occidental. L’entrevue à huis clos a duré environ 50 minutes selon l’Elysée. Le site officiel d’information Cuba Debate a ensuite publié des photos de la rencontre où l’on voit Fidel Castro, apparemment en bonne forme et vêtu comme à son habitude d’un survêtement, en train de converser avec M. Hollande.

« J’avais devant moi un homme qui a fait l’histoire. Il y a forcément débat sur ce qui a pu être sa place, ses responsabilités, mais venant à Cuba je voulais rencontrer Fidel Castro », a ensuite expliqué M. Hollande, affirmant que le Leader Maximo avait « beaucoup parlé » malgré ses 88 ans.

Un « coup » diplomatique

En soirée, le président français s’est aussi entretenu avec son homologue Raul Castro, qui a succédé à son frère Fidel en 2006, dans une ambiance visiblement cordiale. Selon l’Elysée, M. Castro a « souligné l’idée que la France peut avoir un rôle de premier plan dans la relation entre Cuba et l’UE », notamment en vue du sommet UE-Celac (Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes) de juin à Bruxelles.

M. Hollande, qui est parvenu à devancer les autres chefs d’Etat occidentaux séduits par les perspectives d’ouverture dans l’île, a pris soin d’éviter toute fausse note lors de ce déplacement dépourvu de rencontre avec des dissidents.

Selon l’Elysée, le président français n’a été saisi d’aucun cas de prisonnier politique à Cuba alors qu’Amnesty international en a recensé au moins un depuis les 53 libérations concédées dans le cadre du rapprochement avec Washington. Le premier geste de François Hollande lundi matin a toutefois été de remettre la légion d’honneur au cardinal Jaime Ortega, qui a notamment joué un rôle de médiation pour la libération de prisonniers politiques en 2010.

AFP

Déambulations improvisées

Au milieu de sa visite, M. Hollande a improvisé une promenade sur le Prado, une des avenues les plus anciennes de La Havane, où il s’est offert un bain de foule. Après le dîner offert par Raul Castro, le président français a aussi effectué une marche nocturne dans les rues pavées de la vieille Havane, selon son entourage. Dixième partenaire économique de l’île, la France entendait aussi lors de cette visite ne pas laisser passer le train de l’ouverture économique.

Plusieurs contrats avec des entreprises françaises (Accor, CMA-CGM…) ont été signés à cette occasion, mais M. Hollande a affirmé vouloir surtout aider Cuba dans son développement et profiter de son influence sur le continent latino-américain. « Nous ne sommes pas venus faire des affaires », a-t-il insisté. « Nous sommes venus pour, avec les Cubains, faire un développement économique qui puisse être utile à Cuba, à la France et à la zone Caraïbes ».

Par ailleurs, le président français a tenu à évoquer avec les autorités cubaines la prochaine conférence de Paris sur le climat (29 nov-11 déc), où la France souhaite aboutir à un accord sur la limitation des émissions de gaz à effet de serre. Selon l’Elysée, Raul Castro « a réaffirmé le soutien de Cuba à la France » dans cette perspective « en tant que pays influent dans la région Amérique du sud ». La tournée de cinq jours de M. Hollande dans les Caraïbes, une des plus longues de son quinquennat, doit s’achever ce mardi en Haïti.