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France : Yannick Jadot remporte la primaire écologiste


Yannick Jadot sera le candidat écologiste à la présidentielle française de 2022. (photo AFP)

L’eurodéputé Yannick Jadot, a remporté ce mardi la primaire écologiste et sera candidat à la présidentielle, ayant battu d’une courte tête Sandrine Rousseau au second tour de ce scrutin en ligne.

Yannick Jadot a obtenu 51,03% des voix qui se sont exprimées parmi les 122 670 électeurs appelés à se prononcer sur la plateforme internet de samedi à mardi. Il était arrivé premier au premier tour le 19 septembre avec 27,7%, devant l' »éco-féministe » Sandrine Rousseau avec 25,14% des voix.

Il est depuis deux ans la personnalité d’EELV la plus connue du grand public, mais son décalage avec certaines positions du parti l’ont contraint à rassurer une base militante méfiante.

« Je me prépare »: en distillant avec solennité cette expression dans les interviews données depuis deux ans, Yannick Jadot envoyait le message de celui qui se pense incontournable à la présidentielle. Il a un argument de poids: c’est par la liste qu’il a menée aux Européennes de 2019 (13,5%) qu’a débuté la dynamique des Verts aux élections intermédiaires.

À contre-courant puis adoubé par les Verts

Mais avant les ralliements en série des cadres EELV ces derniers jours, ces deux dernières années ont été mouvementées pour l’eurodéputé. Déjà réputé éloigné de la ligne d’EELV sur l’économie et certains sujets sociétaux, Yannick Jadot a été au centre de frictions, et même parfois de polémiques, au sein de l’appareil.

Sa participation à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, au printemps, en est l’épisode le plus récent, qui a horripilé de nombreux militants historiques. Jugeant qu’il faut coller aux aspirations des Français plutôt qu’à ce qu’il considère comme le confort de certains à gauche, Yannick Jadot parle sécurité, burkini, loue les entrepreneurs qui innovent.

« Il n’a pas peur d’aller au front sur des sujets sensibles à propos desquels il sait qu’il va prendre des coups », le salue son collègue eurodéputé vert et soutien à la primaire Benoît Biteau. Celui-ci l’a mis en garde contre la participation « périlleuse » à la manifestation des policiers, mais Yannick Jadot « ne fait pas les choses de manière inconsciente: souvent il lève des lièvres ».

La primaire approchant, l’eurodéputé a aussi tenu à rassurer. En avril, il a ainsi organisé une réunion des gauches en vue de la présidentielle, l’entourant d’un halo de rassembleur – même si le coup d’éclat est resté sans suite politique.

Et dans son discours aux Journées d’été des écologistes à Poitiers, mi-août, il a accordé une large place à « l’écologie de combat », celle des luttes contre les lobbies. Toutefois, les yeux bleus de ce grand brun à la voix retentissante brillent davantage à l’évocation de son « écologie des solutions ».

Un membre de l’équipe de son ex-concurrent Eric Piolle lève les yeux au ciel: « Ce sont de grosses ficelles de la communication politique, il nous endort ».

Un franc-parler qui détonne

Né le 27 juillet 1967 dans l’Aisne, Yannick Jadot a fait ses premières armes en politique en participant à la création du mouvement « La Déferlante » en 1986.

Après des études d’économie à l’université Paris Dauphine et des expériences humanitaires au Burkina Faso, au Gabon et au Bangladesh dans les années 1990, il intègre l’ONG Solagral (Solidarité agricole et alimentaire), spécialisée dans le suivi des négociations internationales.

Après un bref passage par la campagne de Noël Mamère en 2002, il obtient la direction des campagnes de l’ONG Greenpeace France. « Dès mon arrivée, (…) je me retrouve accroché à l’ancre d’un navire que vient d’aborder l’équipage du Rainbow Warrior II« , raconte-t-il dans un livre en 2014.

Il participe à la création de « l’Alliance pour la planète » et prend part au Grenelle de l’Environnement (série de réunions entre l’Etat et les associations sur l’énergie, les transports, la biodiversité) qui a débouché sur des mesures gouvernementales en 2007.

Puis le militant enfile une casquette politique. Quelques coups de gueule, – l’une de ses diatribes contre le CETA (accord de libre échange entre l’UE et le Canada) fait 1,8 million de vues sur Facebook –, et son franc-parler détonnent, notamment quand il appelle le gouvernement à reconnaître la « connerie » du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, près de Nantes.

Au côté de Daniel Cohn-Bendit, il fait partie des personnalités de la société civile rejoignant Europe Écologie et acceptant de fusionner avec les Verts pour les élections européennes de 2009, date de son entrée dans un hémicycle strasbourgeois qu’il ne quittera plus.

AFP/LQ