Une semaine d’un genre inédit s’ouvre lundi pour les Français, privés de la plupart des lieux publics et invités à télétravailler tout en s’occupant de leurs enfants en attendant d’éventuelles mesures encore plus radicales, comme le confinement généralisé, pour tenter d’enrayer l’épidémie.
Face à ses concitoyens jugés « indisciplinés » quant aux mesures de « distanciation sociale », le président Emmanuel Macron doit trancher la lourde question d’un éventuel confinement obligatoire de toute la population. Et cela pour une longue durée, comme l’ont déjà décidé l’Italie ou l’Espagne.
Le gouvernement a déjà enjoint dimanche les Français à respecter les consignes pour freiner la propagation du coronavirus après une hausse sans précédent des décès et contaminations dans le pays.
Selon un décompte publié dimanche soir par l’agence nationale de santé publique, Santé Publique France, le bilan de l’épidémie a grimpé dimanche à 127 morts et 5.423 cas confirmés, soit 36 morts et plus de 900 cas supplémentaires en 24 heures. Plus de 400 personnes sont hospitalisées dans un état grave.
Un premier décès lié au coronavirus a été enregistré en Outre-mer: il s’agit d’une femme de 86 ans, décédée en Martinique.
Parmi les personnalités, le président des Républicains (LR), Christian Jacob, a été testé positif et confiné à domicile.
C’est la plus forte augmentation quotidienne des cas et décès depuis l’apparition du virus en France, qui est officiellement entrée samedi dans le stade 3 de l’épidémie.
Tous acteurs de la santé
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a appelé l’ensemble de la population à prendre conscience de la gravité de la situation et à limiter les interactions sociales, alors que de nombreux Français, notamment à Paris, ont profité dimanche du soleil printanier pour se presser dans les parcs et jardins publics.
« Nous sommes tous acteurs de la santé, les décisions que nous prenons au quotidien, la sortie que nous allons annuler, la soirée en famille ou le repas en famille que nous n’allons pas faire: tout cela est déterminant pour protéger la santé des Français. Le virus est invisible, il circule vite et il menace la vie des gens. Je conjure les Français de respecter les mesures de restriction sociale », a-t-il lancé sur France 2.
Pour répondre à l’urgence, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé ce week-end la fermeture de tous « les lieux accueillant du public non indispensables à la vie de la Nation », des fermetures entrées en vigueur dimanche qui s’ajoutent à l’interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes.
Les cinémas, bars, discothèques, restaurants, centres commerciaux, bibliothèques, salles de spectacles, musées et établissements sportifs sont fermés jusqu’au 15 avril. Bars et restaurants peuvent toutefois « maintenir leurs activités de vente à emporter et de livraison ».
Transport longue distance réduit drastiquement
Le gouvernement a également décidé de réduire drastiquement les transports longue distance, avec un trafic ferroviaire bientôt divisé par deux et seulement « quelques vols » internationaux. Les transports locaux seront toutefois épargnés.
La France va aussi renforcer à partir de lundi matin les contrôles à sa frontière avec l’Allemagne, a annoncé le ministère de l’Intérieur, sans toutefois la fermer partiellement comme l’a décidé l’Allemagne.
Les commerces « présentant un caractère indispensable » comme les magasins d’alimentation, pharmacies, banques, stations-services ou de distribution de la presse et de tabac sont épargnés, tout comme les services publics.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a de son côté assuré qu’il n’y aurait « pas de pénurie » tout en demandant aux Français de ne pas multiplier les achats de précaution.
Le second tour aura-t-il lieu ?
« Nous devons tous ensemble montrer plus de discipline dans l’application de ces mesures », a exhorté le Premier ministre.
Les crèches, établissements scolaires et universitaires ferment lundi dans toute la France. Seuls « les enfants de moins de seize ans des personnels indispensables à la gestion de la crise sanitaire » seront admis dans les établissements scolaires, les autres bénéficieront d’enseignement à distance, au moins jusqu’aux vacances de printemps.
Pour les entreprises, le ministre a également annoncé un assouplissement des « règles de recrutement, de travail de nuit, sur les heures supplémentaires ».
Malgré les mesures sanitaires dans les bureaux de vote, la participation au premier tour des élections municipales a fondu à un niveau inédit, autour de 46%. Un effondrement historique qui nourrit des interrogations grandissantes sur le maintien du second tours. De nombreux élus demandent son report.
Dans ce contexte, Edouard Philippe a annoncé depuis Le Havre qu’experts scientifiques et partis politiques seraient consultés « en début de semaine », en espérant obtenir un « consensus républicain » sur le sujet.
AFP