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France : un millier de vols annulés au deuxième jour de grève de contrôleurs aériens


Selon la DGAC, le taux de grévistes s'est établi à 26,2 % jeudi, 272 contrôleurs ayant pris part au mouvement sur le millier de personnels de service. (Photo : afp)

La fin de l’année scolaire en France risque de rimer avec galère vendredi pour ceux qui ont choisi l’avion : un millier de vols sont encore annulés vendredi, en particulier dans les aéroports parisiens, au deuxième jour d’une grève des contrôleurs aériens.

Des centaines de milliers de personnes ont déjà été affectées jeudi en France et en Europe par ce mouvement social, déclenché par deux syndicats minoritaires qui réclament une amélioration de leurs conditions de travail et des effectifs plus importants.

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a chiffré à 933 le nombre de vols supprimés jeudi au départ ou à l’arrivée de la France, soit environ 10 % des vols initialement prévus. Localement, ces taux ont été bien plus élevés : 50 % à Nice, troisième aéroport français, et 25 % pour les aéroports parisiens de Roissy/Charles-de-Gaulle et d’Orly, où transitent 350 000 personnes par jour au total en période estivale.

Vendredi, jour de grands départs en France, la situation sera encore plus tendue dans les aéroports parisiens, puisque la DGAC a demandé aux compagnies de réduire leurs programmes de vols de 40 %.

Lara, 30 ans, devait prendre un vol Paris-Berlin avec son conjoint pour rendre visite à des amis. « Le vol était prévu jeudi soir, mais nous avons été informés mercredi qu’il avait été annulé. Nous avions pu prendre un autre billet gratuitement, pour vendredi soir, mais il a été supprimé à son tour », explique-t-elle.

«Intolérable»

« Il a fallu prendre en urgence des billets de train. Résultat, un surcoût de 100 euros et plusieurs heures de trajet en plus », témoigne-t-elle.

Autour de 1 000 vols sont annulés vendredi au départ de la France ou à l’arrivée, selon la Direction générale de l’aviation civile, contre 933 jeudi.

« Une catastrophe », a dénoncé vendredi Laurent Abitbol, président du directoire des agences de voyage Selectour, sur France Inter. « J’ai beaucoup de clients qui sont bloqués dans le monde entier (…). Ce sera beaucoup d’argent perdu pour nos agents », a-t-il ajouté.

Le Premier ministre François Bayrou a jugé jeudi cette grève « choquante » en accusant les grévistes de « prendre en otage les Français » le jour où « tout le monde part en vacances ».

Les effets du mouvement se font sentir au-delà des frontières françaises, la principale association européenne de compagnies aériennes, Airlines for Europe (A4E), ayant estimé qu’en Europe, 1 500 vols seraient annulés jeudi et vendredi, « affectant presque 300 000 passagers » sur le Vieux Continent.

« Cette grève est intolérable. Le contrôle aérien français est déjà responsable des retards parmi les pires en Europe, et maintenant, les agissements d’une minorité d’aiguilleurs du ciel français vont perturber les projets de vacances de milliers de personnes en France et en Europe », a affirmé la directrice générale d’A4E, Ourania Georgoutsakou.

Selon la DGAC, le taux de grévistes s’est établi à 26,2 % jeudi, 272 contrôleurs ayant pris part au mouvement sur le millier de personnels de service.

«Management toxique»

Le deuxième syndicat d’aiguilleurs du ciel, l’Unsa-Icna (17 % des voix aux dernières élections professionnelles), a lancé ce mouvement pour réclamer de meilleures conditions de travail et des effectifs plus importants. Il a été rejoint par la troisième force syndicale de la profession, l’Usac-CGT (16 %).

Une réforme contestée est en cours pour établir un pointage des contrôleurs à la prise de poste, à la suite d’un « incident grave » à l’aéroport de Bordeaux fin 2022, quand deux avions avaient failli entrer en collision. Une enquête en avait fait peser la responsabilité sur une organisation défaillante du travail des aiguilleurs, en dehors du cadre légal et sans respect du tableau de service.

Parmi les griefs de l’Unsa-Icna : « un sous-effectif entretenu et responsable des retards une bonne partie de l’été », des outils obsolètes et « un management toxique, incompatible avec les impératifs de sérénité et de sécurité exigés ».

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