Plus d’un mois après la démission de l’exécutif dans la foulée des élections législatives de juillet, la France n’a toujours pas de Premier ministre, avec une gauche qui revendique le poste et s’impatiente, et un président Macron qui continue de consulter.
Lancées vendredi avec la gauche, la droite et le camp présidentiel, les consultations politiques du chef de l’État se sont poursuivies lundi avec l’extrême droite et les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat. Mais aucun scenario ne se dégage, dans une France politiquement divisée en trois blocs dont aucun ne dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée.
La coalition de gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), arrivée en tête aux élections devant le camp présidentiel et l’extrême droite, veut imposer sa candidate Lucie Castets. Mais les autres blocs rejettent unanimement le programme qu’elle est censée porter, le jugeant « dangereux ».
Et alors qu’Emmanuel Macron est soupçonné de vouloir jouer les prolongations, le NFP a accusé le chef de l’État de « tergiverser » et fait savoir qu’il ne retournerait à l’Élysée que pour discuter « des modalités d’une cohabitation » avec un gouvernement dirigé par la haute-fonctionnaire, âgée de 37 ans et inconnue du grand public.
Reçus lundi par le chef de l’État, les dirigeants d’extrême droite, Marine Le Pen et Jordan Bardella, ont indiqué qu’ils censureraient tout gouvernement de gauche.
Rien d’imminent
Les tractations sont censées déboucher sur la nomination d’un nouveau Premier ministre pour succéder à Gabriel Attal, qui gère les affaires courantes à Matignon depuis déjà 41 jours, du jamais-vu en France depuis l’après-guerre.
Mais Emmanuel Macron prend son temps, après avoir mis la France sous tension en décidant de dissoudre l’Assemblée et d’organiser des législatives anticipées dans le sillage de sa défaite aux européennes du 9 juin – remportées par l’extrême droite.
Il pourrait s’exprimer lundi soir avant de nouvelles consultations mardi, selon l’Élysée. Mais rien n’était confirmé en fin d’après-midi.
En tout état de cause, la nomination d’un Premier ministre ne semble pas imminente alors que s’ouvrent mercredi les Jeux paralympiques. Le président Macron participera à la cérémonie d’ouverture, avant de s’envoler pour une visite en Serbie jeudi et vendredi.
La désignation d’un Premier ministre, espérée initialement autour de mardi, n’est « pas exclue » cette semaine mais pas garantie non plus, a glissé un conseiller de l’exécutif.
« Manifestement », elle « n’est pas imminente », a pour sa part ironisé Eric Ciotti, allié de l’extrême droite, au sortir de son rendez-vous au palais de l’Elysée.
Censure
« En choisissant de maintenir en poste un gouvernement démissionnaire, (le président) complexifie chaque jour la tâche du futur gouvernement qui devra redresser la situation dans laquelle il laisse le pays », a estimé le NFP dans son communiqué lundi soir.
Mais l’hypothèse d’un gouvernement de gauche semble improbable compte tenu des menaces de censure des autres formations.
Les représentants du camp présidentiel, de la droite et de l’extrême droite répètent depuis des semaines qu’ils sont opposés à tout gouvernement comprenant des ministres de la gauche radicale. Ils admettent désormais que c’est le programme du NFP dans son ensemble qu’ils rejettent.
Très à gauche, ce programme prévoit notamment la hausse du salaire minimum, de nouveaux impôts pour les plus riches et surtout de revenir sur la réforme des retraites, texte phare du deuxième quinquennat Macron.
L’hypothèse alternative d’un gouvernement de centre droit, privilégiée par le chef de l’État, se heurte, elle aussi, à de nombreux obstacles et demeure tributaire de l’abstention des députés d’extrême droite à l’Assemblée.
Un blocage qui dure alors que l’exécutif devra présenter un budget avant le 1ᵉʳ octobre et le faire voter avant la fin de l’année.