Le ministre français de l’Intérieur, Christophe Castaner, a prôné lundi une « tolérance zéro » pour le racisme au sein des forces de l’ordre et annoncé l’abandon d’une méthode d’interpellation controversée, dite « de l’étranglement ».
« Aucun raciste ne peut porter dignement l’uniforme de policier ou de gendarme », a déclaré M. Castaner lors d’une conférence de presse, alors que des manifestations contre les violences policières se multiplient ces derniers jours en France, dans le sillage de la contestation historique aux États-Unis causée par la mort de George Floyd, un Américain noir asphyxié par un policier blanc.
M. Castaner a déclaré qu’une suspension serait « systématiquement envisagée » en cas de soupçon d’acte ou de propos raciste de la part d’un policier, et décrété l’abandon de la méthode d’interpellation de « la prise par le cou, dite de l’étranglement ». « Elle ne sera plus enseignée dans les écoles de police et de gendarmerie. C’est une méthode qui comportait des dangers », a déclaré le ministre.
Il s’est en outre dit « troublé » par les témoignages sur les circonstances de l’arrestation d’un jeune garçon de 14 ans, Gabriel, en banlieue parisienne le 25 mai dernier, et assuré que la « lumière serait faite » sur cette affaire. L’adolescent avait été gravement blessé à l’oeil lors de son interpellation à Bondy alors qu’il tentait de voler un scooter, et a accusé les policiers de l’avoir frappé à coups de pied au visage.
Le président Emmanuel Macron a réclamé lundi à son gouvernement des propositions rapides pour améliorer la déontologie des forces de l’ordre, alors que le sujet du racisme et des violences policières est revenu sous les projecteurs en France. Ces dernières ont déjà été largement dénoncées lors du mouvement inédit de contestation sociale des gilets jaunes en 2018 et 2019.
Samedi, plus de 23 000 manifestants ont défilé en France pour dénoncer les violences policières et réclamer « justice pour tous ». En début de semaine dernière, une manifestation avait rassemblé quelque 20 000 personnes à Paris, à l’appel de la famille d’Adama Traoré, un jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation. De nouveaux rassemblements et hommages sont prévus mardi dans le pays pour saluer la mémoire de George Floyd, au moment où auront lieu ses obsèques à Houston (Texas).
LQ/AFP