Les élèves ont repris lundi le chemin de l’école pour une rentrée marquée par l’incertitude et les défis que le variant Omicron fait peser sur l’enseignement, entre risques de contaminations au Covid, fermetures de classes et potentielle explosion du nombre d’enseignants malades.
Sur le plan du protocole sanitaire, pas de grand changement à prévoir pour cette rentrée scolaire à risques: le niveau 3 (sur 4) est maintenu dans les écoles élémentaires, tout comme le niveau 2 dans les collèges et lycées, afin de réduire le brassage entre les classes et les niveaux. En revanche, il n’y a plus de fermeture de classe dès que l’on atteint trois cas de Covid.
Deuxième évolution : le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a décidé le renforcement de la politique de « contact tracing », qui soumettra les élèves à trois tests en quatre jours s’il y a un positif dans la classe. « Ce qui change, c’est que désormais, quand la famille fera le premier test, elle recevra en pharmacie deux autotests gratuits, pour que les élèves se testent à nouveau à la maison à J + 2 et à J + 4 », a indiqué le ministre, dans un entretien au journal Parisien dimanche soir. Un élève pourra revenir en classe à la suite de la présentation d’un résultat négatif, dès le premier test effectué.
Lundi matin, M. Blanquer a répété sur LCI que « l’école est fondamentale pour les enfants ». « Les enfants sont la priorité des priorités » et « la fermeture des écoles ne peut être qu’un ultime recours ». Interrogé sur les difficultés à l’école dans les semaines à venir, le ministre « ne nie pas que le mois de janvier peut être un peu tendu ». « Nous sommes en train de nous organiser pour qu’il y ait une continuité du service public, nous arriverons à traverser ce mois de janvier ».
« Usine à gaz »
Les ajustements du protocole sont critiqués par les syndicats, notamment par Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU, premier syndicat d’enseignants du primaire. Cette rentrée est « à haut risque » car « les écoles seront ouvertes sur le virus sans sécurisation », a-t-elle regretté auprès de l’AFP. « La multiplication des tests réactifs va compliquer l’organisation sur le terrain, ça sera une vraie usine à gaz », a-t-elle lancé.
Même constat pour Sud-Education. « Au-delà d’envoyer personnels et élèves au casse-pipe, ce nouveau protocole va rendre encore plus difficiles des conditions de travail qui l’étaient déjà largement trop », a dénoncé le syndicat dans un communiqué dimanche soir. Suivre dorénavant la transmission de trois tests pour chaque élève cas contact va être infaisable ».
Le gouvernement a, au passage, rejeté l’appel de certaines personnalités de l’opposition et d’une frange du corps enseignant à reporter d’une semaine la rentrée. « Reporter la date de la rentrée n’aurait fait que décaler le problème », a souligné auprès de l’AFP Laurent Zameczkowski, vice-président de la Peep, une fédération de parents d’élèves qui dénonce toutefois le « déni cosmique » du gouvernement en matière de « sécurisation des salles de classe ».
Les syndicats d’enseignants du primaire réclament eux le retour à la politique de fermeture d’une classe dès le premier cas positif, mesure qui n’est plus en vigueur depuis le 29 novembre.
Enfants « malmenés »
A la veille des vacances, 3.150 classes étaient fermées en France en raison de l’épidémie. Et à l’aune de cette rentrée, une nouvelle menace pèse sur l’enseignement: un « risque d’absentéisme accru » parmi les 866.000 enseignants. Durant les vacances scolaires, le conseil scientifique a lui-même estimé à « au moins » un tiers les professeurs qui pourraient être touchés par le virus d’ici à fin janvier, soit en étant positifs au Covid-19, soit en étant cas contact.
Mais l’allègement des règles d’isolement, annoncées par le ministre de la Santé, devrait éviter les absences en cascade. Ainsi, les enseignants cas contact « compte tenu de la doctrine qui s’applique désormais, ils font la rentrée s’ils sont vaccinés après avoir fait un test », a dit M. Blanquer, précisant que les réunions parents-professeurs se feront en distanciel.
Enfin, le ministère a admis que le déploiement de capteurs CO2 dans les établissements scolaires était « totalement insuffisant ». Il a lancé un « appel aux maires » à profiter du fond d’État de 20 millions d’euros pour doter leurs écoles en capteurs. L’annonce de l’école ouverte est « une belle histoire à laquelle la FCPE ne croit plus », observe la coprésidente de la fédération des parents d’élèves, Carla Dugault, qui souligne que les enfants sont « malmenés » depuis le début de la crise sanitaire.
LQ/AFP