La police recherche activement jeudi un homme qui a fait 15 blessés en jetant une grenade mercredi soir dans un bar d’un quartier populaire de Grenoble, localité des Alpes françaises, où les habitants se disent « choqués » mais pas totalement surpris par cette violence.
Des agents sont postés devant l’Aksehir, un bar associatif du quartier sensible du Village olympique, où le calme est revenu au lendemain de cette attaque, dont le mobile reste inconnu même si la piste terroriste est « a priori » écartée. « J’ai entendu un grand boum, j’ai regardé et je me suis dit que ce n’était pas un pétard ni un feu d’artifices », raconte Agnès Lefebvre-Paquet, une septuagénaire croisée sur place par l’AFP. « Je me suis dit que c’était des problèmes du quartier ».
« On est tous choqués, tous, tous », ajoute une de ses voisines, encore en robe de chambre et qui ne veut pas donner son nom. « Ça fait 30 ans qu’on habite là et c’est de pire en pire », poursuit-elle, confiant avoir passé une « nuit horrible ».
La veille, vers 20H15, un homme « cagoulé », armé d’un fusil d’assaut « pouvant être de type kalachnikov », est entré dans le bar où se trouvaient de nombreux clients. Sans dire un mot, il a jeté une grenade à fragmentation et a pris immédiatement la fuite à pied, avant l’explosion de la grenade, selon plusieurs sources judiciaires La déflagration a fait de nombreuses victimes: 15 blessés, parmi lesquels six ont été pris en charge en urgence absolue, et « au moins deux » restent encore avec un pronostic vital engagé, a déclaré à la presse le ministre de la Santé Yannick Neuder, qui s’est rendu dans un hôpital de Grenoble où les blessés ont été admis. Un précédent bilan faisait état de 12 blessés.
« Techniques de guerre »
Evoquant un mode opératoire avec « une grenade extrêmement violente, c’est quasiment des techniques de guerre », le ministre a fait état de blessures avec « des coupures et des perforations d’organes ».
« Au regard de la gravité du préjudice subi et du mode opératoire », la Juridiction interrégionale spécialisée dans la criminalité organisée (JIRS) du parquet de Lyon s’est saisie de l’enquête, a indiqué le procureur de Lyon dans un communiqué. Les investigations se poursuivent sous le chef notamment de « tentative de meurtre en bande organisée », et l’assaillant reste activement recherché, a-t-il précisé
L’attaque peut être liée à « un règlement de comptes », « au trafic de drogues, au trafic de cigarettes, à une inimitié exacerbée… », a indiqué le procureur adjoint de Grenoble François Touret de Coucy, en excluant « a priori » la piste terroriste. L’Aksehir est un bar associatif d’ordinaire fréquenté par des habitants du quartier, « surtout pour regarder des matches de foot », a expliqué à l’AFP Chloé Pantel, maire adjointe du secteur 6 de Grenoble, présente sur les lieux du drame.
« A Grenoble, tout est possible »
Il tient son nom d’une ville de Turquie, mais selon plusieurs riverains il est aujourd’hui tenu par des Algériens et est plutôt fréquenté par une clientèle masculine. « Ce n’était pas un bar qui était censé soulever d’inquiétudes particulières », a déclaré François Touret de Coucy.
Karim, un agent municipal qui ne souhaite pas donner son nom, est un habitué des lieux, où il prend un café tous les matins quand il nettoie la place adjacente. « D’habitude, c’est propre, c’est calme. Il n’y a rien. On boit un café là, on discute », dit-il en faisant part de sa surprise. Mais « à Grenoble, tout est possible », ajoute-t-il, désabusé, tandis que des parents se pressent pour accompagner leurs enfants à l’école.
La ville connaît régulièrement des épisodes de violences, notamment par armes à feu, liés au trafic de drogues. Les autorités ont même évoqué l’été dernier une « guerre des gangs ».