Un « héros » qui « se bat jusqu’au bout » et mesurait certainement la portée fatale de son geste: Arnaud Beltrame, le lieutenant-colonel de gendarmerie décédé après s’être substitué à une otage d’un tueur jihadiste, forçait samedi l’admiration de la France.
« En donnant sa vie pour mettre un terme à l’équipée meurtrière d’un terroriste djihadiste, il est tombé en héros », a souligné le président de la République, Emmanuel Macron, dans l’un des nombreux hommages rendus au défunt.
Pour sa famille, l’acte de bravoure de Beltrame était toutefois une évidence, vu les convictions chevillées au corps de l’officier. « Il me dirait, je fais mon travail maman, c’est tout », a confié sa mère samedi matin au micro de la radio RTL. « Ça ne m’étonne pas de. Il a toujours été comme ça, c’est quelqu’un qui, depuis qu’il est né, fait tout pour la patrie. Pour lui, c’est sa raison de vivre, défendre la patrie. C’est Arnaud ça, voilà, défendre les autres », a-t-elle ajouté.
Sorti major de Saint-Cyr
Peu après la prise d’otages de Radouane Lakdim dans un supermarché du petit village de Trèbes près de Carcassonne vendredi, Beltrame s’était livré à la place d’une personne retenue. Et avait laissé son téléphone ouvert sur une table, permettant aux autorités d’entendre ce qui se passait à l’intérieur du supermarché et de déclencher l’assaut après les coups de feu de l’assaillant sur l’officier. « Il est parti en héros »: il « savait certainement qu’il n’avait pratiquement aucune chance » et « il n’a pas hésité une seconde », a souligné de son côté son frère Cédric Beltrame.
Grièvement blessé, l’officier a succombé à ses blessures samedi à l’aube, devenant la quatrième victime de cet attentat. Agé de 45 ans, Arnaud Beltrame était sorti major du prestigieux lycée militaire de Saint-Cyr en 1999, où ses supérieurs avaient décelé un militaire « qui se bat jusqu’au bout et n’abandonne jamais », selon l’Elysée. Il était sorti également major de l’école des officiers de la gendarmerie en 2001 avant d’être retenu en 2003 avec six autres gendarmes sur 80 candidats pour intégrer l’actuel GIGN, l’unité d’intervention de la gendarmerie.
D’Irak à l’Elysée
Déployé en Irak, puis affecté pendant quatre ans à la sécurité de l’Elysée au sein de la Garde Républicaine, l’officier avait également été commandant de la compagnie d’Avranches (ouest) jusqu’en 2014, avant de devenir conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l’Écologie. Marié, sans enfants, Beltrame, qui devait se marier religieusement cette année dans l’église de la cité médiévale de Carcassonne, venait d’arriver l’an dernier dans le sud de la France comme officier adjoint du groupement de gendarmerie du département de l’Aude.
Devant sa caserne, samedi matin, les habitants de Carcassonne et des environs commençaient, malgré la pluie, à déposer des fleurs en hommage au gendarme. « C’est un geste héroïque. On le remercie pour ce qu’il a fait », a indiqué Anne-Marie Bonnet qui habite non loin. Arrivée avec un bouquet de roses blanches, portant l’inscription « Merci », Marie-Claire Castel, habitante de Montlegun, village situé à côté de Trèbes, a appelé à un « hommage national » pour Beltrame. « C’est un héros, j’ai pas dormi de la nuit, j’ai beaucoup prié en pensant qu’il y aurait un miracle, qu’on le sauverait. Il a sauvé des vies », a-t-elle déclaré, très émue.
Le Quotidien/AFP