L’humoriste Pierre Palmade, figure déchue du show-biz français, a été condamné mercredi à de la prison ferme pour un grave accident de la route causé en 2023 après avoir consommé de la cocaïne et des drogues de synthèse.
Dans ce drame qui a déclenché une tempête médiatique d’une rare intensité en France, le parquet avait requis cinq ans de prison dont deux ferme. « On ne peut pas être trop indulgent quand (…) la conduite sous l’empire des stupéfiants a causé un drame », a estimé la procureure Marie-Denise Pichonnier, dont les réquisitions ont été suivies par le tribunal correctionnel de Melun, près de Paris.
A l’audience, le visage livide, Pierre Palmade a demandé « pardon du plus profond de (son) être » aux blessés, un père de famille d’origine turc, son fils de 6 ans et sa belle-soeur enceinte qui avait perdu son bébé après le choc.
En état de récidive légale en raison d’une condamnation en 2019 pour usage de stupéfiants, l’artiste de 56 ans était jugé pour blessures involontaires aggravées et encourait jusqu’à quatorze ans d’emprisonnement et 200.000 euros d’amende.
« Je suis vraiment accablé, éprouvé de les voir en vrai », a-t-il dit, prenant la parole pour la première fois publiquement. « Je comprends leur colère. Un fou drogué leur est rentré dedans, c’est de l’ordre de l’inexcusable », a dit l’artiste, confronté dans la matinée au récit des vies brisées des victimes de la voiture d’en face.
D’une voix éraillée, l’homme de théâtre et de télévision, qui a connu son heure de gloire dans les années 1990-2000, est revenu sur les circonstances qui ont mené à cette collision dramatique. Il était devenu prisonnier de la drogue au point de ne plus pouvoir travailler.
Depuis trois jours, Pierre Palmade faisait la fête en continu sans dormir entre Paris et sa maison de campagne de Cély-en-Bière, alternant les injections de 3-MMC (une drogue de synthèse), les prises de cocaïne et les parties de « chemsex » avec des « sex friends ».
« comme des zombies » –
« On est vraiment comme des zombies, des légumes, nus, ensanglantés », a-t-il décrit aux juges. Le vendredi soir, à la tombée de la nuit, il est monté en voiture avec deux compagnons pour aller acheter un dîner au supermarché du coin avant l’arrivée de son dealer chargé du réapprovisionnement en drogues.
Assoupi par la 3-MMC, il sniffe plusieurs lignes de cocaïne avant de prendre le volant afin de se « re-réveiller ». « Je nous vois tous les trois sortir euphoriques de la maison et après c’est le noir, j’ouvre les yeux et je suis (à l’hôpital du) Kremlin-Bicêtre », a raconté Pierre Palmade, qui dit n’avoir aucun souvenir de l’accident.
Selon la juge d’instruction, dans la ligne droite d’une petite route, la Peugeot 3008 conduite par l’humoriste a effectué un brusque écart et percuté une voiture arrivant en face sur l’autre voie.
Au fil des révélations en cascade sur le mode de vie et les addictions de cet artiste à la dérive, le grand public a découvert la face sombre d’un humoriste populaire, bien qu’un peu passé de mode, qui mettait en scène depuis 30 ans sa lutte contre ses terreurs existentielles.
L’artiste est jugé pour blessures involontaires, aggravées par la prise de drogues, mais pas pour homicide involontaire.
« Ce choix du magistrat instructeur est à mon sens hautement contesté et contestable, il doit donc être discuté », a déclaré l’avocat des trois victimes de l’accident, Me Mourad Battikh, en début d’audience.
Dans la foulée de l’accident, le bébé avait été extrait en urgence par césarienne du ventre de sa mère à six mois de grossesse, mais déclaré mort après 32 minutes de réanimation, sans avoir donné de signe de vie extra-utérine.
Or, selon une jurisprudence constante de la Cour de cassation, plus haute juridiction de l’ordre judiciaire en France, un enfant qui n’est pas né vivant n’existe pas en tant que personne légale. « Dans ce dossier, tout le monde est d’accord pour contester une jurisprudence absurde », a plaidé Me Battikh.