Le président français Emmanuel Macron a évoqué jeudi un « moment historique » en proposant d’accorder « une autonomie » à l’île de Corse, dont les dirigeants nationalistes réclament de longue date des compétences accrues.
« Ayons l’audace de bâtir une autonomie à la Corse dans la République », a assuré le chef de l’État devant l’Assemblée de Corse à Ajaccio, appelant à « bâtir un référentiel qui soit pleinement corse » mais sans désengagement de l’État ». « Ce ne sera pas une autonomie contre l’État ni une autonomie sans l’État », a-t-il plaidé.
« Nous devons avancer et il faut pour cela l’entrée de la Corse dans notre Constitution » car « le statu quo serait notre échec à tous », a-t-il également lancé devant les élus insulaires, où il est venu clore 18 mois de discussions lancées après une explosion de violences sur l’île en 2022.
Rattachée à la France à la fin du XVIIIe siècle, la Corse entretient une relation complexe avec Paris et a été traversée par des revendications autonomistes voire indépendantistes, qui ont parfois pris la forme d’actions violentes.
Selon le président français, cette « nouvelle étape institutionnelle » doit permettre d' »ancrer pleinement la Corse dans la République et de reconnaître la singularité de son insularité méditerranéenne et son rapport au monde ». « Il nous faut donner plus de place à la langue corse, dans l’enseignement comme dans l’espace public », a-t-il notamment précisé.
Côté calendrier, Macron a donné « six mois » aux groupes politiques corses pour arriver à un « accord » avec le gouvernement sur un « texte constitutionnel et organique » qui permettra de modifier le statut de l’île.
« La Corse doit rester la Corse et devenir le territoire autonome qu’elle doit être », avait auparavant lancé la présidente de l’Assemblée de Corse, Marie-Antoinette Maupertuis, soulignant le « dépossession immense » ressentie par la jeunesse insulaire.
« Le statut d’autonomie que nous appelons de nos vœux s’inscrit au sein de la République française », a promis de son côté Gilles Simeoni, président autonomiste de l’exécutif de Corse, citant « cinq enjeux », « historique de reconnaissance », « sociétal », « économique et social » et « démocratique avec le refus de toute logique de pression ou de dérive mafieuse ».
Avec ce discours à Ajaccio, Emmanuel Macron clôturait des discussions entamées après une explosion de violences en 2022 consécutives à la mort du militant indépendantiste Yvan Colonna, agressé en prison où il purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat en 1998 du préfet de Corse Claude Erignac.