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Présidentielle en France : la gauche joue son va-tout dans une campagne imprévisible


Yannick Jadot, candidat Europe Ecologie-Les Verts à l'élection présidentielle française. (photo AFP)

Le champion socialiste désigné, il reste moins de trois mois à la gauche française pour faire front commun et déjouer les scénarios de défaite dans une campagne présidentielle imprévisible face à une extrême droite conquérante et une droite fragilisée par un récent scandale.

Benoît Hamon, qui a éliminé l’ex-Premier ministre Manuel Valls, ne figure pas dans le trio de tête de la course à l’Elysée: la dirigeante du Front National, Marine Le Pen, devance dans les sondages le conservateur François Fillon en perte de vitesse, désormais talonné par l’étoile montante de la campagne, l’ex ministre du gouvernement socialiste Emmanuel Macron, qui se positionne au centre.

Entré en campagne électorale fin novembre, l’ex-ministre de l’Economie et ancien banquier d’affaires Emmanuel Macron, 39 ans, a réussi à faire salle comble dans tous ses meetings et à susciter les ralliements de nombreuses personnalités politiques. Nombre d’élus et d’électeurs voient en lui « un homme de renouveau et, surtout, le meilleur rempart contre la droite et l’extrême droite », souligne le quotidien Libération lundi.

Sa progression continue dans les sondages montre que c’est lui qui, avec Marine Le Pen, a profité le plus des divisions de la gauche et des remous suscités par les accusations d’emplois fictifs visant l’épouse de François Fillon, Penelope.

La défaite de Manuel Valls qui voulait incarner une gauche « réaliste » et « crédible » face aux « rêves » portés par le frondeur Benoit Hamon risque aussi de le renforcer: « ce qui est clair, c’est qu’une partie des déçus de Valls va se reporter sur Macron », a affirmé lundi le sociologue Jean-Pierre Le Goff, auteur d’un ouvrage intitulé « La gauche à l’agonie? ».

« Rien n’est écrit »

Le quotidien conservateur « Le Figaro » juge au contraire que « rien n’est écrit pour la gauche » dans un « scrutin où tout peut arriver ». « François Fillon n’est plus le vainqueur automatique tel qu’il apparaissait au lendemain de la primaire de la droite », reconnaît le journal qui évoque la « tempête » soulevée par les révélations sur les 500.000 euros de salaires perçus par l’épouse du candidat conservateur.

« Maintenant, le plus dur commence » pour Benoît Hamon, affirme pour sa part Libération en soulignant que le candidat socialiste doit avant tout « dissiper les doutes sur un programme difficile à financer » et « tendre la main à la famille de la gauche ». Les idées de celui qui dénonce la « course à la croissance », veut encourager la réduction du temps de travail dans un monde en plein bouleversement numérique et se préoccupe plus de la « dette écologique » que de la réduction des déficits budgétaires » ne font pas l’unanimité.

Fort de son résultat à la primaire – plus de 58% des suffrages et une participation de 2 millions d’électeurs, selon des résultats quasi définitifs -, l’ancien ministre de l’Économie solidaire (2012-2014) puis éphémère ministre de l’Éducation (avril-septembre 2014) dispose d’un délai très court pour rassembler derrière lui les partisans d’une « gauche moderne et innovante qui pense le monde tel qu’il est et non tel qu’il fut ».

Son premier geste a été de tendre la main aux écologistes et à l’extrême gauche pour « construire une majorité cohérente et durable ». Le candidat des Verts Yannick Jadot s’est déjà dit « absolument prêt » à le rencontrer pour lui proposer de se lancer dans « une grande aventure écologiste et sociale ».

Jusque là cantonné dans une position intransigeante, le tribun de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon, a pour sa part noté qu’il avait « chanté des paroles si proches des nôtres », notamment en terme d’écologie et de réformes politiques.

M. Hamon sera reçu lundi après-midi par le Premier ministre Bernard Cazeneuve et doit rencontrer dans la semaine le président socialiste François Hollande qui n’a fait aucun commentaire sur sa victoire, se contentant de saluer celle de l’équipe de France de handball.

Le Quotidien / AFP