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France : les tarifs d’assurance attendus en forte hausse l’an prochain


(Photo d'illustration : Pexels)

Les tarifs des assurances de dommages, habitation et automobile, pour les particuliers sont attendus en forte hausse l’an prochain, au-dessus du niveau de l’inflation, selon des calculs réalisés par des comparateurs et confirmés par certains assureurs.

Le site assurland.com a mis à jour lundi ses estimations d’augmentations de tarifs pour 2024, chiffrées à +5 à +6% en assurance habitation et +3,5% en assurance automobile. Le cabinet de conseil en stratégie et management auprès des compagnies d’assurances Facts & Figures avance des chiffres assez proches: +6% en habitation et +4% en automobile.

« Les évolutions de tarifs ne font que traduire les évolutions de la sinistralité », répond à l’AFP Franck Le Vallois, directeur général de la fédération professionnelle France Assureurs. « Les assureurs subissent comme les Français les effets du dérèglement climatique et de l’inflation », qui touche par exemple les pièces détachées automobiles, rappelle-t-il.

Cette hausse tarifaire n’est pas simple à encaisser pour les assurés, dont le budget est comprimé de toute part par l’inflation, mesurée à 3,4% sur un an en novembre par l’Insee. Les profits des assureurs restent pendant ce temps-là tout à fait honorables. Le bénéfice net d’Axa atteignait par exemple près de 6,7 milliards d’euros l’an dernier et dépassait déjà les 3,8 milliards d’euros au premier semestre 2023.

Celui du groupe Covéa, qui détient les marques MAAF, MMA et GMF, avoisinait le milliard d’euros l’an dernier, bien aidé cependant par son réassureur basé aux îles Bermudes, Partner Re.

Promesse rompue

Contactées, les compagnies d’assurance sont peu loquaces sur leurs augmentations de tarifs, mais confirment pour certaines d’entre elles les chiffres donnés par les comparateurs pour l’ensemble du marché. Leurs assurés ne tarderont de toute façon pas à s’en rendre compte. Ceux de la MAAF ou encore de Groupama ont déjà commencé à recevoir leur avis d’échéances 2024.

Les compagnies s’étaient engagées en septembre 2022 auprès du ministre de l’Economie Bruno Le Maire à maintenir leurs hausses de tarifs sous l’inflation pendant deux ans, une promesse qui parait rompue pour l’an prochain. Le tour de passe-passe est le suivant: l’engagement comprenait l’année en cours, 2022. La promesse concernait donc pour moitié des hausses de tarifs déjà passées quelques mois plus tôt…

Si les hausses en assurances de dommages sont importantes, elles pourraient l’être bien plus en assurance santé. Le ministre Aurélien Rousseau est d’ailleurs monté au créneau le 3 décembre, précisant qu’une hausse de l’ordre de 8 à 12% n’était « pas tenable ». Il présidera une réunion sur le sujet vendredi.

L’augmentation de la fréquence et de la gravité des événements climatiques continuera à tirer les tarifs des assurances habitation vers le haut dans les années à venir.

« Majoration des surcotisations »

Elle fragilise en effet le régime public dédié aux catastrophes naturelles, géré par la Caisse centrale de réassurance (CCR) et abondé à 95% par une surprime de 12% sur les contrats d’assurance habitation, particuliers et entreprises. France Assureurs s’est prononcé mi-octobre pour une hausse de 50% de cette surprime, pour atteindre 18%. La CCR penche en faveur d’un relèvement à 19% « rapidement », selon son directeur général Edouard Vieillefond.

Évoquant « l’inévitable majoration des surcotisations pour les catastrophes naturelles », le vice-président de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) Jean-Paul Faugère avait appelé mi-novembre les assureurs à une « maîtrise tarifaire » et une nécessaire « réflexion » sur leurs frais de gestion.

Les assureurs pourraient en parallèle faire flamber la facture des conducteurs de voitures électriques. Les assurances de ces véhicules sont « sous-tarifées » aujourd’hui, avance le fondateur du cabinet Facts & Figures Cyrille Chartier-Kastler, contacté par l’AFP.

Le problème va se poser très rapidement pour les personnes éligibles au leasing social, qui va permettre aux plus modestes d’accéder « pour 100 euros par mois » à la location longue durée de voitures électriques. C’était sans compter l’assurance, qui pourrait faire gonfler la facture de près de 50% selon assurland.com, qui chiffre à 47 euros par mois l’assurance d’une voiture électrique.

« C’est le marché qui jouera », notait fin novembre une source au ministère de l’Économie, qui cependant « invite amicalement les assureurs à faire des offres intéressantes » aux tarifs « les plus contenus possibles ».