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France : le Premier ministre Jean Castex s’apprête à passer la main


La passation de pouvoir entre Jean Castex et son successeur devrait avoir lieu ce lundi vers 19 h. (Photo AFP)

Le Premier ministre français Jean Castex s’est rendu ce lundi après-midi au palais de l’Elysée pour remettre sa démission à Emmanuel Macron.

« Sans remords, ni regret », Jean Castex était ce lundi au siège de la présidence française pour remettre sa démission après 22 mois au poste de Premier ministre, ont constaté des journalistes de l’AFP. Selon des sources concordantes au sein de l’exécutif, une passation de pouvoir avec le ou la successeur(e) de M. Castex au poste de Premier ministre aura lieu ce lundi autour de 19h.

Un nouveau Premier ministre « social », « écologique » et « productif »

Le président centriste libéral Emmanuel Macron, réélu le 24 avril pour un second mandat de cinq ans, avait assuré il y a une semaine à Berlin qu’il connaissait déjà le nom de son prochain Premier ministre… sans dévoiler son identité, à près d’un mois des législatives des 12 et 19 juin. Seuls indices donnés par le chef de l’Etat, qui reçoit lundi à déjeuner le président du Conseil européen Charles Michel, son nouveau Premier ministre sera doté d’un profil « social », « écologique » et « productif ». Seule certitude, croit savoir son entourage: ce sera une femme. D’autant que 74% des Français sont pour, selon un sondage Ifop publié dans le Journal du Dimanche.

Aile gauche

Après un week-end dominé par les noms de plusieurs anciennes ministres, c’est celui de la ministre du Travail, Elisabeth Borne, qui bruissait parmi plusieurs conseillers de l’exécutif lundi après-midi. Cette technicienne tenace, jugée loyale, est perçue par le pouvoir comme ayant fait ses preuves au gouvernement pendant tout le dernier quinquennat, des Transports au Travail en passant par l’Ecologie.

Outre l’avantage d’être une femme, cette ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal a également le mérite d’appartenir à l’aile gauche de la macronie, un atout à l’heure où s’annoncent de nouvelles réformes sociales, à commencer par « la mère des batailles » sur les retraites. Lors de son premier mandat, Emmanuel Macron avait surpris les observateurs, en nommant à Matignon Edouard Philippe puis Jean Castex, deux élus sans aucune expérience gouvernementale.

Jean Castex, qui s’était auto-proclamé « Premier ministre de l’intendance », a multiplié les déplacements à travers la France – 350 en 22 mois – imprimant l’image d’un chef de gouvernement « des territoires », soucieux de la promotion de l’exécution des réformes, quitte à passer complètement sous les radars au plan national.

Classe politique « machiste »

Si une femme devait bien être désignée, Edith Cresson, la seule à avoir occupé le poste (1991-1992), sous la présidence du socialiste François Mitterrand, lui souhaite « beaucoup de courage » au sein d’une classe politique « machiste ».

Le choix est d’autant plus attendu qu’il viendra confirmer ou non l’orientation qu’entend se donner le chef de l’Etat, qui a promis de tenir compte de la colère exprimée par de nombreux Français pendant la crise des « gilets jaunes », révoltés contre la politique fiscale et sociale d’Emmanuel Macron, et lors de l’élection présidentielle, et de changer de méthode. « La composition du nouveau gouvernement, l’identité des grands ministres, l’identité du ou de la Première ministre peut avoir une importance très forte sur les élections législatives », a souligné dimanche soir sur LCI le sondeur Frédéric Dabi, de l’Ifop.

Répondre à la crise du Covid et à la guerre en Ukraine

Il rappelle que la nomination de l’ancien Premier ministre « Edouard Philippe en 2017 avait permis à la majorité présidentielle de casser la droite en plusieurs morceaux ». Mais, relève-t-il, « l’impatience des Français » se focalise surtout « sur des questions d’inflation, de pouvoir d’achat, d’environnement et de sécurité » auxquelles il va falloir répondre dans un contexte anxiogène de crise du Covid et de guerre en Ukraine qui favorisent l’envolée les prix de l’énergie et de l’alimentation.

Pour l’heure, le bloc présidentiel est crédité de quelque 26% d’intentions de vote aux législatives et conserverait une majorité à l’Assemblée, défié toutefois par l’union de la gauche socialiste, écologiste, communiste et radicale, autour de Jean-Luc Mélenchon (arrivée troisième au premier tour de la présidentielle), qui obtiendrait 28% et l’extrême droite de Marine Le Pen, finaliste malheureuse du second tour face à Emmanuel Macron (24%).