Plus de deux mois après la réélection du président Emmanuel Macron, le nouveau gouvernement français a été dévoilé lundi, et aura la lourde tâche de mettre en oeuvre les réformes du chef de l’Etat sans majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Très attendue, la nouvelle équipe du président centriste-libéral a été présentée deux jours avant le discours général de la Première ministre Elisabeth Borne devant le Parlement et contre laquelle la coalition de gauche Nupes n’a pas exclu de voter une motion de censure. Comme prévu, le remaniement a acté le départ des trois ministres et secrétaires d’Etat battues lors des élections législatives de fin juin – Amélie de Montchalin (Transition écologique), Brigitte Bourguignon (Santé) et Justine Bénin (Mer).
Cette dernière est remplacée à son poste par Hervé Berville, député d’origine rwandaise du parti présidentiel La République En Marche (LaRem) des Côtes d’Armor (ouest). Le portefeuille de Yaël Braun-Pivet (Outre-mer), élue la semaine dernière présidente de l’Assemblée nationale – première femme à ce poste clé en France -, a lui été confié à l’ancien préfet Jean-François Carenco.
Plus inattendu, le ministre délégué chargé de l’Europe Clément Beaune quitte le Quai d’Orsay et occupera au sein du nouveau gouvernement le poste de ministre des Transports. Il est remplacé par l’économiste Laurence Boone, jusqu’ici secrétaire générale adjointe à l’OCDE. La porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire reste au gouvernement mais cède sa place à Olivier Véran, dont le portefeuille des Relations avec le Parlement revient à l’ancien ministre de la Culture Franck Riester.
Après plusieurs semaines de tergiversations au sommet de l’Etat à son sujet, le ministre Damien Abad (Solidarités, Autonomie et Personnes handicapées), visé par une enquête pour tentative de viol, est évincé. Chrysoula Zacharopoulou, la secrétaire d’État chargée du Développement, qui était visée elle par deux plaintes pour viols qui auraient été commis dans le cadre de sa profession de gynécologue, conserve en revanche son poste. Tous les deux récusent ces accusations.
Au total, le gouvernement II d’Elisabeth Borne, qui comptait dans sa précédente version (provisoire entre la présidentielle et les législatives), 17 ministres, six ministres délégués et quatre secrétaires d’Etat, compte en son sein désormais 41 membres, dont 20 femmes. Il s’est étoffé de nouveaux portefeuilles, dont ceux du Logement, des Transports ou encore de l’Economie sociale et solidaire.
Pouvoir d’achat
Ce remaniement survient dans un contexte délicat pour Emmanuel Macron, réélu le 24 avril face à l’extrême-droite pour un second quinquennat mais privé de majorité absolue à l’Assemblée nationale à l’issue des législatives des 12 et 19 juin. Le chef de l’Etat, qui avait fait passer ses réformes globalement sans peine lors de son premier quinquennat, va cette fois-ci devoir nouer des alliances au cas par cas pour tenter de faire passer ses textes phares.
Le 25 juin, dans une interview à l’AFP, le président avait ouvert la porte à l’entrée au sein du gouvernement d’alliés de droite comme de gauche, « qui s’engageraient dans la durée au côté de la majorité présidentielle ». Emmanuel Macron avait également à cette occasion indiqué que le projet présidentiel, tout comme celui de la majorité présidentielle, pourrait « être amendé ou enrichi », à condition toutefois que les modifications n’entraînent pas une hausse des impôts ou de la dette.
Le discours de politique générale d’Elisabeth Borne mercredi devant le Parlement devrait donner des indications sur les orientations que l’exécutif entend prendre dans les prochains mois. La Première ministre n’a pas encore tranché la question d’un vote de confiance sur sa déclaration, réclamé par les oppositions mais risqué sans majorité absolue. Cette question pourrait être abordée lundi lors du conseil des ministres convoqué à 16h (14h GMT) par le chef de l’Etat à l’Elysée.
Le premier texte examiné par l’Assemblée sera, à compter du 11 juillet, le projet de loi sanitaire permettant le maintien de « mesures de freinage » à l’heure où la France est confrontée à une augmentation des cas de Covid-19. Le projet de loi sur le pouvoir d’achat, préoccupation numéro un des Français, sera lui examiné à partir du 18 juillet.
Signe du bras de fer à venir, le parti Les Républicains (LR, opposition de droite) a d’ores et déjà fait monter la pression en conditionnant dimanche son possible vote au respect de certaines lignes rouges.