Le groupe ultranationaliste turc Les Loups gris, impliqué dans de récentes actions violentes contre la communauté arménienne en France, a été dissous mercredi lors du Conseil des ministres, a annoncé sur Twitter Gérald Darmanin. Ankara a annoncé vouloir « répliquer fermement ».
« Le mouvement des Loups gris a été dissous en Conseil des ministres, conformément aux instructions du président de la République », a tweeté le ministre de l’Intérieur, soulignant dans son décret que ce groupuscule « incite à la discrimination et à la haine et est impliqué dans des actions violentes ».
Cette annonce intervient dans un contexte de fortes tensions diplomatiques entre la France et la Turquie autour du traitement des musulmans en France.
Les Loups gris, dont le nombre exact de membres est difficile à quantifier, ne sont pas constitués en association loi 1901 mais le code de la sécurité intérieure permet la dissolution des groupements de fait, catégorie à laquelle ils appartiennent.
Ce mouvement, dont le signe de ralliement est un pouce joint au majeur et à l’annulaire, a été fondé dans les années 1970 pour soutenir le parti extrémiste proche de l’idéologie fasciste MHP. Les Loups gris ont commencé à faire parler d’eux dans les années 1980, lors d’actions violentes contre des militants de gauche et des minorités.
Réputé proche d’Erdogan
Actif en Turquie comme au sein d’une partie de la diaspora en Europe, il est aujourd’hui réputé proche de Recep Tayyip Erdogan, même s’il n’est pas porteur d’un discours religieux marqué comme le président turc.
« Plusieurs foyers de ce mouvement ont été identifiés sur le territoire » et « ses membres participent à des camps d’entraînement », souligne le décret de dissolution, citant notamment un « camp des armes de jeunesse » organisé en Ardèche en décembre 2019.
Les Loups gris promeuvent « une idéologie tendant à discriminer voire à provoquer à la violence contre les personnes d’origine kurde et arménienne », poursuit le décret.
Le texte évoque ainsi plusieurs « manifestations armées » contre ces populations dans lesquelles a été impliqué le groupuscule, notamment à Reims en novembre 2016 et à Décines-Charpieu, près de Lyon, en juillet dernier.
De nouvelles « actions violentes » des Loups gris dirigées contre la communauté arménienne ont de nouveau eu lieu la semaine dernière à Vienne (Isère) et Dijon (Côte-d’Or), avec pour toile de fond la guerre dans la région indépendantiste du Nagorny Karabakh, opposant l’Arménie et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie.
Dimanche, toujours dans la région lyonnaise, un mémorial du génocide arménien a été retrouvé tagué avec l’inscription « Loups gris » et de nouvelles inscriptions antiarméniens ont été découvertes lundi à Meyzieu (Rhône) et sur les murs du consulat d’Arménie à Lyon.
LQ/AFP