L’incertitude sur l’approvisionnement en carburant à l’approche des vacances scolaires n’est pas levée jeudi matin, malgré l’essoufflement de la mobilisation dans les sites pétroliers de TotalEnergies où les grévistes ont commencé à reprendre le travail.
Après trois semaines de blocages, le mouvement a été « suspendu » mercredi soir sur le site « Flandres » à Mardyck, près de Dunkerque, et celui de La Mède dans les Bouches-du-Rhône, au moment où les équipes de nuit devaient prendre leur quart, a appris l’AFP auprès d’Eric Sellini, coordinateur national de la CGT pour TotalEnergies.
La fin de la grève avait été votée plus tôt dans la journée à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique).
Le mouvement a en revanche été reconduit à Gonfreville en Seine-Maritime (raffinerie et dépôt) et au dépôt de Feyzin (Rhône), ont indiqué des sources syndicales. La mobilisation initiée par la CGT le 27 septembre a provoqué d’importantes difficultés d’approvisionnement en carburant, exaspérant particuliers et professionnels à la peine pour remplir leurs réservoirs.
« La dynamique est là »
La pression a augmenté à l’égard du gouvernement alors que les écoles ferment leurs portes vendredi soir pour deux semaines de vacances. « La situation continue à s’améliorer nettement », avait souligné mercredi la Première ministre Elisabeth Borne.
« Je sais que la situation est encore difficile pour beaucoup de nos compatriotes, mais la dynamique est là et je veux une nouvelle fois appeler les salariés grévistes à reprendre le travail », avait-elle ajouté.
Des situations encore tendues dans certaines régions
Mercredi à 13h, une station-services sur cinq (20,3%) connaissait des difficultés d’approvisionnement sur au moins un carburant (contre 24,8% mardi), avec des situations encore tendues en Bourgogne-Franche-Comté (33,1%), Ile-de-France (30,5%) et Auvergne-Rhône-Alpes (29,4%), selon les derniers chiffres mercredi du ministère de la Transition énergétique.
D’après le groupe Vinci Autoroutes, au moins 90% des stations-services de son réseau étaient en mesure de fournir du carburant: « La continuité de service sur les 181 aires de services du réseau Vinci Autoroutes est assurée à 90% en moyenne en ce qui concerne l’essence sans plomb, et à 92% en moyenne s’agissant du gasoil. »
« Améliorations sensibles »
Pressé d’accélérer les livraisons dans les stations, le gouvernement a une nouvelle fois réquisitionné des salariés pour travailler mercredi sur le site de Feyzin.
« Le déblocage du dépôt de Feyzin permet des améliorations sensibles », a assuré la Première ministre.
Ce site était mercredi soir le dernier, avec celui de Normandie, à poursuivre la mobilisation. « Les salariés grévistes ne lèveront pas la grève tant qu’ils n’auront rien de concret sur la table », a déclaré M. Afonso à l’issue d’une réunion avec la direction locale.
« Les grévistes ne sont pas là pour handicaper le citoyen ni l’usager (…) mais (…) pour essayer d’obtenir des revendications légitimes pour les salariés », a ajouté le délégué syndical de Feyzin.
Forte inflation et super profits
La CGT est à l’origine du mouvement pour demander des hausses de salaires, sur fond de forte inflation et de super profits réalisés par TotalEnergies, avec la flambée des cours liée notamment à la guerre en Ukraine.
Le syndicat a affirmé à l’AFP avoir proposé mercredi sans succès un « protocole de sortie de fin de conflit » à la direction du groupe, prévoyant notamment « des négociations locales sur les problématiques spécifiques remontées par les grévistes ».
De son côté, TotalEnergies a fait valoir qu’il n’y avait pas lieu de rouvrir des négociations, un accord ayant été conclu vendredi avec les deux syndicats majoritaires du groupe, la CFE-CGC et la CFDT. Un texte que la CGT n’a pas signé.
Mouvement levé chez Esso-ExxonMobil
L’accord prévoit une hausse générale de 5% des salaires, assortie de hausses individuelles et d’une prime exceptionnelle comprise entre 3 000 et 6 000 euros. La CGT réclamait une augmentation des salaires de 10%.
Un mouvement avait aussi eu lieu chez Esso-ExxonMobil, avant d’être levé la semaine passée après la conclusion d’un accord salarial.