Alors que la raffinerie de Donges, le dépôt « Flandres » à Mardyck et la bioraffinerie de La Mède ont décidé mercredi de reprendre le travail, deux sites pétroliers ont reconduit jeudi la grève. Si la situation revient peu à peu à la normale, les pénuries continuent dans certaines régions.
Nombre de vacanciers faisaient la queue vendredi matin devant les stations-service, toujours touchées à la veille des vacances par les pénuries liées à la grève sur des sites pétroliers de TotalEnergies.
A la station du boulevard Morizet de Boulogne-Billancourt, à l’ouest de Paris et aux portes de l’autoroute A13 qui mène en Normandie, une file de véhicules s’étirait dans la nuit noire, moteurs éteints et warnings allumés.
« J’ai laissé la voiture le plus possible au garage ces derniers jours, j’ai fait du télétravail », explique à l’AFP Mickael Grumen, 43 ans, qui attend pour récupérer de l’essence à 2,040 euro le litre. « J’ai vraiment attendu le dernier moment, d’être dans le rouge pour faire le plein car je compte partir en vacances à Dauville ».
Les stations-service font face à d’importantes difficultés d’approvisionnement en raison du mouvement de grève initié le 27 septembre dans les raffineries et dépôts du groupe pétrolier TotalEnergies, où les salariés réclament une augmentation de salaire face à l’inflation et aux bénéfices géants engrangés par la société.
Deux sites toujours en grève
Si les grévistes de la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), du dépôt « Flandres » à Mardyck, près de Dunkerque (Nord), et de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) ont décidé mercredi de reprendre le travail après un accord avec la direction, deux sites pétroliers ont reconduit jeudi la grève.
A Gonfreville en Normandie, « la grève est reconduite jusqu’au 27 octobre », jour où TotalEnergies doit annoncer ses résultats du troisième trimestre, « à moins que la direction ne nous contacte avant », a annoncé Ludovic Desplanches, élu CGT. Le mouvement a aussi été reconduit au dépôt de carburants de Feyzin (Rhône).
« Cela s’améliore nettement par rapport au début de semaine »
Après un pic de pénuries la semaine dernière, les ruptures d’essence et de gazole se réduisaient cette semaine, tout en restant inédites dans l’histoire récente. Selon Francis Pousse, président national Distributeurs Carburants et Energies Nouvelles chez Mobilians, environ 17% des stations-service manquaient toujours vendredi d’un carburant.
« Cela s’améliore nettement par rapport au début de semaine », a-t-il fait valoir sur Radio classique, estimant qu’un retour à la normale devrait avoir lieu sous « cinq à sept jours ».
Mais la pression sur le gouvernement se fait forte alors que les écoles ferment leurs portes vendredi soir pour deux semaines de vacances. « Je sais que la situation est encore difficile pour beaucoup de nos compatriotes, mais la dynamique est là », avait souligné mercredi la Première ministre Elisabeth Borne, « je veux une nouvelle fois appeler les salariés grévistes à reprendre le travail ».
Pas de pénurie dans 90 % des stations autoroutières
Le groupe Vinci Autoroutes a voulu rassurer les vacanciers à venir en annonçant mercredi qu’au moins 90% des stations-service de son réseau étaient en mesure de fournir du carburant.
« La continuité de service est assurée à 82% concernant l’essence sans plomb, et à 88% s’agissant du gasoil, sur les 97 aires de services des autoroutes APRR et AREA », précisent de leur côté les filiales du groupe Eiffage.
M. Pousse s’est voulu lui aussi rassurant vis-à-vis des vacanciers, affirmant que « les compagnies pétrolières ont un engagement de continuité de service avec les sociétés d’autoroutes donc elles ont une obligation à livrer du carburant ». « Le réseau autoroutier est particulièrement bien choyé pour l’approvisionnement d’essence », a-t-il détaillé, « ce qui est logique, c’est compliqué de laisser des voitures en panne sur l’autoroute ».
5% d’augmentation
Pressé d’accélérer les livraisons dans les stations, le gouvernement a une nouvelle fois réquisitionné des salariés pour travailler jeudi sur le site de Feyzin, ce qui doit aider toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.
La CGT dit avoir proposé mercredi, sans succès, un « protocole de sortie de fin de conflit » à la direction du groupe, prévoyant notamment « des négociations locales sur les problématiques spécifiques remontées par les grévistes ». Mais TotalEnergies a fait valoir qu’il n’y avait pas lieu de rouvrir des négociations, un accord ayant été conclu vendredi avec les deux syndicats majoritaires du groupe, la CFE-CGC et la CFDT. Un texte que la CGT n’a pas signé.
L’accord prévoit une hausse générale de 5% des salaires, assortie de hausses individuelles et d’une prime exceptionnelle comprise entre 3.000 et 6 000 euros. La CGT réclamait une augmentation des salaires de 10%. Un mouvement avait aussi eu lieu au sein d’Esso-ExxonMobil, avant d’être levé la semaine passée après la conclusion d’un accord salarial.