Le président français Emmanuel Macron tient mardi une conférence de presse, deux jours après l’annonce d’élections législatives anticipées qui a pris la classe politique par surprise et déclenché une course aux alliances à droite comme à gauche.
A 19 jours du premier tour – la campagne la plus courte dans l’histoire de la Ve République -, le chef de l’Etat renoue avec l’exercice de la grand-messe des questions-réponses avec les journalistes, une manière d’apparaître comme le véritable chef d’une majorité en grand danger.
Selon un sondage Harris Interactive-Toluna paru lundi, le Rassemblement national (RN), le parti d’extrême droite grand vainqueur des élections européennes dimanche en France, est crédité de 34% d’intentions de vote pour le premier tour le 30 juin. Ce qui lui permettrait, selon l’institut, d’obtenir une majorité relative à l’Assemblée nationale lors du second tour une semaine plus tard, avec 235 à 265 députés sur 577.
Les macronistes, avec 19%, ne pourraient tabler que sur 125 à 155 sièges. « J’ai confiance en la capacité du peuple français à faire le choix le plus juste pour lui-même et pour les générations futures », avait déjà écrit lundi sur le réseau social X Emmanuel Macron. Un activisme qui tranche avec la discrétion de son Premier ministre, Gabriel Attal, silencieux depuis dimanche soir.
Le RN de Marine Le Pen s’est en revanche exposé pour tenter de bâtir le « rassemblement » autour de Jordan Bardella. Ce dernier, fort de son triomphe en tant que tête de liste RN aux élections européennes, a vocation à devenir Premier ministre en cas de succès, a assuré lundi Marine Le Pen, qui a décliné au passage le poste pour elle-même.
« Chance historique »
« On a une chance historique de permettre au camp national de remettre la France sur les rails », a estimé la triple candidate malheureuse à la présidentielle. Elle s’est dite « bien sûr capable » de ne pas présenter de candidat face au parti de droite Les Républicains (LR) dans les circonscriptions où un accord aurait été trouvé.
« C’est ce sur quoi nous travaillons mais avec des points politiques sur lesquels chacun se met d’accord. (…) Je pense qu’avec un grand nombre d’élus, nous le sommes », a-t-elle poursuivi, évoquant « un projet fondé sur deux grands chantiers, la défense du pouvoir d’achat et le redressement de l’économie et la lutte contre l’insécurité et l’immigration ».
Marine Le Pen avait reçu dans l’après-midi sa nièce Marion Maréchal, tête de liste du parti de droite nationaliste Reconquête d’Eric Zemmour.
« J’ai rencontré d’ailleurs un certain nombre d’autres responsables pour pouvoir justement construire cette majorité », a-t-elle assuré, en considérant que « c’est ce que les Français attendent de nous ».
Marion Maréchal a pour sa part indiqué qu’elle allait s’entretenir mardi avec Nicolas Dupont-Aignan, le patron de Debout la France, autre formation très à droite.
« Front populaire »
A gauche, les cartes ont été rebattues lundi soir: le Parti socialiste, les communistes, les écologistes et la formation de gauche radicale La France Insoumise (LFI) ont appelé dans un communiqué à « la constitution d’un front populaire » et indiqué vouloir « soutenir des candidatures uniques dès le premier tour » des législatives. Ils ont encore appelé à « rejoindre les cortèges » prévus ce week-end à l’appel des principaux syndicats et à « manifester largement ».
L’annonce s’est faite alors que quelques centaines de jeunes manifestants, venus d’un rassemblement contre l’extrême droite place de la République, arrivaient sous les fenêtres du quartier général parisien des écologistes où les différents responsables de gauche s’étaient retrouvés dans l’après-midi. « Nous l’avons fait nous avons réussi à nous mettre d’accord! », a lancé la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, aux militants qui chantaient « Trouvez un accord! ».
Quelques heures plus tôt, la tête de liste socialiste aux européennes Raphaël Glucksmann avait répété sa ligne de fermeté face à La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
« Ne pas refaire la Nupes »
Il a surtout proposé qu’en cas de victoire de la gauche, le nom de l’ex-chef du syndicat CFDT Laurent Berger soit proposé pour le poste de Premier ministre – une idée qui n’a pour l’heure pas été reprise par les autres partis de gauche.
Auréolé de ses 13,83% de suffrages obtenus dimanche, Raphaël Glucksmann a exclu de devenir lui-même chef du gouvernement. Mais il a prévenu: « Ce ne sera clairement pas Jean-Luc Mélenchon » non plus, en prônant de « ne pas refaire la Nupes », l’alliance de la gauche pour les législatives de 2022 qui avait fait entrer 151 députés au parlement mais avait fini par exploser l’automne dernier.
Tous sont quoi qu’il en soit pressés par le temps: les candidatures devront être déposées entre mercredi et dimanche, 18 h, selon le décret publié lundi au Journal officiel. La campagne électorale pour le premier tour débutera dès lundi.