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France : le pass sanitaire fait tomber les masques, le variant Delta explose


Selon le ministre de la Santé français, le masque ne s'impose plus carlà où le pass sanitaire est exigé car il implique "qu'on est sûr que toutes les personnes qui rentrent sont vaccinées complètement ou ont un test très récent qui est négatif". (photo AFP)

Cinémas, musées, établissements sportifs : le port du masque n’est plus obligatoire en France dans les lieux où l’entrée est conditionnée au pass sanitaire, bien que le variant Delta fasse exploser les cas de Covid estimés mardi à 18 000 en 24 heures.

« Là où il y a le pass sanitaire », les personnes « pourront enlever le masque », « sauf contrordre des préfets dans les départements en fonction de la situation épidémique », a déclaré le ministre de la Santé, Olivier Véran, avant le début de l’examen de la loi au Parlement. Selon lui, le masque ne s’y impose plus car le pass sanitaire implique « qu’on est sûr que toutes les personnes qui rentrent sont vaccinées complètement ou ont un test très récent qui est négatif ».

« Le port du masque peut toutefois être rendu obligatoire par le préfet de département lorsque les circonstances locales le justifient, ainsi que par l’exploitant ou l’organisateur », nuance cependant le décret publié mardi pour officialiser cette mesure. Ce décret paru au Journal officiel abaisse également à 50 personnes (contre 1 000 auparavant) la jauge dans les lieux soumis au pass sanitaire. Ce dernier sera exigible dans les lieux de culture (cinémas, musées, théâtres etc.) à partir de mercredi.

Contrairement au public qui y accède, les salariés qui travaillent dans les endroits soumis au pass sanitaire devront garder le masque pour l’instant, a précisé le ministère du Travail. « Le port du masque reste la règle en entreprise. Le pass étant obligatoire à partir du 30 août pour les salariés (des lieux soumis à la mesure), il n’est pas envisagé pour le moment de le supprimer pour ces salariés », selon le ministère.

« Mauvaise idée »

L’épidémiologiste Dominique Costagliola dit avoir appris cette mesure « avec stupeur ». « C’est une mauvaise idée », a-t-elle asséné sur France Inter. « Il faudrait avoir ceinture et bretelles pour essayer de combattre cette épidémie, et pas enlever certaines mesures quand on en met d’autres en place ». « Si le pass sanitaire est contrôlé, alors le niveau de risque (…) sera nettement réduit », a pour sa part relativisé l’épidémiologiste Antoine Flahault.

« Cette décision interdit l’accès de ces lieux aux 250 000 personnes immunodéprimées sévères, détentrices du pass sanitaire, vaccinées trois fois, mais à très haut risque et mal ou non protégées par la vaccination, qui ne peuvent compter que sur les masques portés par tous », a de son côté protesté Renaloo, association de dialysés et greffés du rein. D’autant que la découverte d’un cluster de 81 cas positifs après trois soirées techno organisées mi-juillet dans un club de Bordeaux a jeté un doute sur l’efficacité des contrôles du pass sanitaire.

Et sous l’effet du variant Delta, l’épidémie repart en France, à tel point que l’exécutif parle désormais d’une quatrième vague. « Nous étions hier à 18 000 contaminations sur 24 heures seulement », s’est alarmé Olivier Véran à l’Assemblée nationale. « Nous avons une augmentation de la circulation du virus de l’ordre de 150% sur une semaine : nous n’avons jamais connu cela, ni avec le Covid (la souche historique du virus), ni avec le variant anglais, ni avec le sud-africain, ni avec le brésilien », a-t-il poursuivi.

A certains endroits, les autorités locales ont même décidé d’imposer à nouveau le masque à l’extérieur: après 45 communes touristiques de Charente-Maritime lundi, le préfet de Haute-Garonne a pris la même décision mardi pour Toulouse et certains lieux du département. Le gouvernement craint que la hausse des cas, qui touche essentiellement les jeunes pour l’instant, finisse par s’étendre aux personnes âgées ou fragiles non vaccinées et entraîne une augmentation des hospitalisations.

C’est cette dégradation qui a amené le président Emmanuel Macron à annoncer un tour de vis le 12 juillet pour accélérer la vaccination : vaccin obligatoire pour les soignants et extension du pass sanitaire aux cafés, restaurants ou trains à partir de début août. Le gouvernement doit déterminer comment appliquer cela aux centres commerciaux. Il envisage de limiter l’obligation du pass à ceux de plus de 20 000 m², tout en garantissant l’accès aux biens de première nécessité, comme l’a exigé le Conseil d’État lundi. Toutes ces mesures doivent se traduire dans la loi, qui pourrait être adoptée en fin de semaine.

LQ/AFP