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France : Emmanuel Macron dévoile son plan pour un système de santé en crise


Les annonces d'Emmanuel Macron sont très attendues par des personnels qui ne cessent de dénoncer la "déliquescence" de l'offre de soins, avec des urgences débordées et un manque criant de soignants comme à l'hôpital Bel-Air de Thionville. (Photo AFP)

Emmanuel Macron va présenter ses voeux aux soignants vendredi dans un hôpital de région parisienne, une première depuis son élection en 2017, avec des annonces « très concrètes » et très attendues.

« Le président de la République va donner un cap aux soignants », pour leur permettre de « retrouver du sens dans leur métier » et faciliter l' »accès aux soins » des Français, selon l’Elysée.

Il dévoilera des « mesures très concrètes, avec des clauses de revoyure précises et rapprochées pour s’assurer de leur exécution », a ajouté la présidence, sans en détailler la teneur.

Signe du caractère prioritaire accordé à la crise qui frappe l’hôpital mais aussi la médecine de ville en France, c’est la première fois depuis qu’il est arrivé à l’Elysée en 2017 qu’Emmanuel Macron dédie une cérémonie de voeux spécifiquement aux « acteurs de la santé, hospitaliers et libéraux ».

Pour l’occasion, il se rend au Centre hospitalier Sud Francilien (CHSF) en banlieue parisienne. Accompagné du ministre de la Santé François Braun, il doit visiter les urgences pédiatriques, soumises comme ailleurs en France à des tensions extrêmes ces derniers mois.

« Une médecine à plusieurs vitesses »

Ses annonces sont très attendues par des personnels qui ne cessent de dénoncer la « déliquescence » de l’offre de soins, avec des urgences débordées et un manque criant de soignants, sur fond de triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite. Dans un rare communiqué commun, l’ordre et les syndicats de médecins ont esquissé jeudi, à la veille des « décisions politiques », leur ligne rouge en affirmant « s’opposer à une médecine à plusieurs vitesses » qui ne respecterait pas leur rôle de « chef d’orchestre » du système.

Le premier mandat d’Emmanuel Macron a été marqué, après l’irruption de la pandémie en 2020, par le « Ségur de la santé », avec 12 milliards d’euros annuels pour mieux rémunérer les soignants et 19 milliards d’investissements dans les hôpitaux. Mais dès 2018, son plan « Ma Santé 2022 » avait installé sa philosophie, avec la suppression du « numerus clausus » qui plafonnait le nombre d’étudiants en médecine en France.

« Nous mettons une dizaine d’années pour former un médecin », et il va donc falloir vivre avec la pénurie actuelle encore quelques temps, fait valoir l’entourage présidentiel pour justifier la nécessité d' »intensifier ces transformations ».

Durant la campagne pour sa réélection au printemps, Emmanuel Macron avait d’ailleurs fait de la santé l’un des deux « chantiers majeurs » de son second quinquennat, avec l’école. Il avait reconnu qu’il faudrait « aller beaucoup plus loin, plus vite et plus fort », notamment en renforçant la prévention, « la simplification de l’hôpital », « l’accès aux soins en urgence » et la lutte contre les déserts médicaux.

Foyers de mécontentement

François Braun, lors de sa nomination en juillet, évoquait même un « système de santé à bout de souffle ». Mais, malgré quelques mesures et rallonges budgétaires décidées en urgence ces derniers mois, la crise ne cesse de s’intensifier. Et les foyers de mécontentement se multiplient.

Les médecins libéraux ont manifesté par milliers jeudi à Paris, point d’orgue d’une grève qui a débuté au lendemain de Noël pour réclamer le doublement de la consultation, de 25 à 50 euros.

Pourtant soucieux d’éteindre les incendies sociaux, surtout à l’approche de la mobilisation contre l’imminente réforme des retraites, le gouvernement s’est montré ferme à l’égard de ces grévistes. La Première ministre Elisabeth Borne a jugé mardi « vraiment pas responsable » cette grève pendant les fêtes, qui renforce la pression sur l’hôpital.

Son ministre de la Santé s’est dit jeudi « prêt à augmenter cette consultation », mais en échange d’efforts pour permettre aux Français d’accéder plus aisément à un médecin, et certainement pas à hauteur des 50 euros demandés.

« On est dans une gestion de crise quasi permanente »

FO-Santé, deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière, a appelé à son tour à une grève illimitée à partir du 10 janvier pour protester contre « l’inaction » du gouvernement. Tandis que les biologistes libéraux menacent de fermer leurs laboratoires à partir de lundi.

Le discours d’Emmanuel Macron permettra-t-il de mettre fin à ces conflits ? C’est visiblement l’intention de l’Elysée. « On est dans une gestion de crise quasi permanente depuis 2020 », a expliqué une conseillère. L’objectif du discours est de « sortir de cette gestion de crise ».