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France : dernière semaine avant l’élection, l’Ukraine en toile de fond


Selon les derniers sondages, le chef de l'État sortant est stabilisé autour de 27% tandis que la candidate RN a franchi le seuil des 20% au premier tour fin mars. (photo AFP)

L’Ukraine s’est de nouveau imposée avec force dans la campagne présidentielle française, les images terribles de civils exécutés dans la région de Kiev suscitant les réactions des candidats, engagés dans la dernière semaine de campagne avant le premier tour.

Après un week-end marqué par plusieurs meetings politiques, dont celui du président sortant Emmanuel Macron, toujours favori, mais dont l’avance se réduit face à sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen, l’Ukraine est revenue lundi sur le devant de la scène de campagne.

La découverte de cadavres de civils à Boutcha (Nord-Est) dont le meurtre est imputé aux soldats russes, a suscité un tollé international et poussé les candidats français à réagir.

Sur France Inter lundi matin, Emmanuel Macron, évoquant « des indices très clairs de crimes de guerre » à Boutcha, s’est dit « favorable » à de nouvelles sanctions de l’Union européenne contre la Russie, notamment sur le pétrole et le charbon.

 

Le candidat écologiste Yannick Jadot a pour sa part de nouveau réclamé un embargo sur les hydrocarbures russes, tandis que la socialiste Anne Hidalgo a appelé à « cesser de payer le gaz de la honte ».

Régulièrement critiqué pour des positions jugées pro-russes, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon a estimé que « les responsables russes doivent (…) répondre » des « crimes de l’armée russe ».

À l’extrême droite, Marine Le Pen, qui avait refusé fin mars de qualifier Vladimir Poutine de « criminel de guerre », s’est résolue lundi à employer ces mots. Son rival Éric Zemmour, qui a, lui aussi, eu des positions pro-russes, a dénoncé un « crime infâme ». Mais il a estimé qu’il serait difficile de « traîner » Vladimir Poutine devant la Cour pénale internationale.

« Accident électoral possible »

La guerre en Ukraine continue ainsi de marquer une campagne déjà asphyxiée à ses débuts par la crise du covid, ce qui fait désormais craindre aux sondeurs une très importante abstention dimanche : elle pourrait atteindre quelque 30%, un record pour un premier tour de présidentielle sous la Ve République, souligne un sondage paru dimanche.

Chaque candidat tente aussi de gérer le duel installé depuis des mois entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Le chef de l’État sortant, stabilisé autour de 27% tandis que la candidate RN a franchi le seuil des 20% au premier tour fin mars, a déploré ce lundi que « ceux qui jouent avec les peurs montent » et souhaité « convaincre » les électeurs tentés par les extrêmes que ceux-ci « n’apportent pas la bonne réponse ».

Pour le second tour, son avance s’est réduite dans la marge d’erreur des sondages (53% contre 47% à Marine Le Pen), inquiétant désormais la « macronie ».

« À 52%-48% et même à 54%-46%, l’accident électoral est tout à fait possible » pour Emmanuel Macron, avertit le politologue Pascal Perrineau lundi dans Les Échos.

Meetings et émissions

Derrière, le candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon est désormais installé à la troisième place à quelque 15%, devant la candidate de droite Valérie Pécresse et Éric Zemmour, tous deux crédités de 10%, puis Yannick Jadot, à 6%.

Lors de son meeting parisien samedi, Emmanuel Macron a appelé au ralliement d’électeurs « de la social-démocratie au gaullisme, en passant par les écologistes qui ne (l’)ont pas encore rejoint », s’attirant une fin de non-recevoir chez les écologistes et les socialistes.

À la gauche, l’appel à « voter utile », ou « voter efficace », de Jean-Luc Mélenchon a également essuyé les critiques d’Anne Hidalgo, Yannick Jadot et du communiste Fabien Roussel, pour qui c’est le vote « de conviction » qui doit prévaloir au premier tour.

Les candidats misent désormais sur d’ultimes rendez-vous pour mobiliser leurs électeurs et convaincre les indécis : nouvelle interview radio d’Emmanuel Macron mercredi matin et « déplacements de terrain », émission télévisée pour les douze candidats mardi, avec un temps de parole égal, et passages sur la chaine TF1 pour tous, deux par deux, en début de soirée au fil de la semaine.

La journée de jeudi concentrera à elle seule cinq meetings, Valérie Pécresse à Lyon, Marine Le Pen à Perpignan, Fabien Roussel à Lille, Philippe Poutou à Toulouse et Yannick Jadot à Nantes.